La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Sur la tête

Sur la tête - Critique sortie Théâtre Saint-Céré Théâtre de l'Usine
Les interprètes de l’Atelier du Théâtre national de Toulouse dans Sur la tête. Crédit : Polo Garat

Théâtre de l’Usine à Saint-Céré / de Jacques Prévert / mes Laurent Pelly

Publié le 24 octobre 2017 - N° 259

Avec la complicité de Laurent Pelly, les sept comédiennes et comédiens de l’Atelier du Théâtre national de Toulouse (promotion 2016-2017) nous font voyager dans l’écriture en clair-obscur de Jacques Prévert. Entre rire et mélancolie. Apreté du quotidien et percées existentielles.

Ils ont formé ensemble, de 2016 à 2017, une troupe éphémère. Celle de l’Atelier du Théâtre national de Toulouse, dispositif d’insertion professionnelle pour jeunes comédiens. Ils s’appellent Sonia Belskaya, Romain Busson, Raphaël Caire, Anne Duverneuil, Nicolas Lainé, Nick Newth et Malou Rivoallan. Durant deux ans, ces jeunes artistes ont participé à tous les aspects de la vie du centre dramatique national codirigé par Laurent Pelly et Agathe Mélinand. Une institution qu’ils vont quitter à la fin de l’année, après nous avoir conviés à arpenter l’univers poétique et surréaliste de Jacques Prévert (1900-1977). Créé le mois dernier à Toulouse, Sur la tête (qui part en tournée dans le Lot, l’Ariège, l’Aude et l’Aveyron) rend compte des multiples facettes d’une écriture trop souvent cantonnée aux jolis poèmes que l’on enseigne à l’école. C’est une matière littéraire d’une tout autre envergure que révèle la création mise en scène par Laurent Pelly. Et d’une tout autre portée. Obscurs, violents, loufoques, drôles et contestataires, les textes que l’on découvre (ou redécouvre) ici n’ont rien d’œuvres pour enfants.

Un quotidien pouvant virer à la folie

Car c’est la nature incertaine et fluctuante de la vie, les aléas et les joyeusetés d’un quotidien pouvant virer à la folie qui s’expriment à travers ces écrits. Intégralement vêtus de noir, les sept actrices et acteurs (accompagnés par le pianiste Thierry Gonzalez à l’occasion de quelques chansons) incarnent leurs personnages sur la surface blanche d’un rouleau de papier géant qui se déploie de l’arrière-scène à l’avant-scène. Au sein de cette scénographie d’une très belle simplicité, se détachent de saisissants jeux d’ombres et de lumière (signés Paul Boggio). Une fois encore, Laurent Pelly fait ici preuve d’un sens aigu de l’espace et du théâtre. Il dirige ses interprètes tels de véritables musiciens. L’art du dire semble en effet occuper une place centrale dans ce travail. Relief, phrasé, rythme et texture des phrases, des vers, des répliques, et modulations des intonations… Les jeunes artistes se lancent dans les mots comme ils se lancent dans les situations imaginées par Prévert. Avec corporalité, lucidité et humour. Ils font ainsi apparaître toute l’étrangeté active de cette écriture. Leur carrière s’ouvre, devant nous, sous les meilleurs auspices.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Sur la tête
du vendredi 3 novembre 2017 au vendredi 8 décembre 2017
Théâtre de l'Usine
18 Avenue du Dr Roux, 46400 Saint-Céré, France

Le 10 novembre 2017 à 20h30. Durée de la représentation : 1h40. Spectacle vu le 4 octobre 2017 au Théâtre national de Toulouse. Tél. : 05 65 38 29 08. www.theatredelusine-saintcere.com

Egalement le 3 novembre 2017 à la Salle du Jeu de Mail à Pamiers, le 8 décembre au Théâtre dans les Vignes à Cornèze, le 14 décembre à la Maison des Jeunes et de la Culture de Rodez.

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