La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

Suivront mille ans de calme

Suivront mille ans de calme - Critique sortie Danse
Crédit : JC Carbone Légende : Des danseurs sous chrysalide, en ouverture de l’Apocalypse selon Angelin Preljocaj

Publié le 10 décembre 2010

Cette nouvelle création assume pleinement l’académisme contemporain occidental du Ballet Preljocaj, dans lequel se fondent les danseurs du Bolchoï. Dévêtus d’une narration encombrante, tous se jettent dans l’Apocalypse selon Angelin.

C’est à la lecture de l’Apocalypse selon Saint Jean qu’est né Suivront mille ans de calme. A l’idée plus communément véhiculée d’une Apocalypse décrivant une fin du monde chaotique, une lutte entre les forces du bien et du mal, ou une prophétie signant l’anéantissement du monde, Angelin Preljocaj a très justement préféré procéder par petites touches. « Le style apocalyptique s’apparente beaucoup à donner des visions, parfois très larges pour que tout le monde s’en empare », précise-t-il. Scène après scène, le spectacle se construit alors comme une succession de mouvements de groupes et de duos, écrits au cordeau dans une extrême précision des postures et des gestes, tranchants comme des lames. Et cette mécanique fonctionne à plein régime lorsqu’elle ne se contente que de produire des images, préférant l’impression à l’illustration.
 
Des hommes et des bêtes
 
Ainsi, même si tous les moments de la pièce n’ont pas la même nécessité, restent dans nos rétines les impressions d’un monde qui ressemble étrangement au nôtre, dans tous ses extrêmes : des corps pris dans une mécanique d’usine, des êtres meurtris sortis d’un linceul ou d’une chrysalide, des anges désenchantés – qui magnifient le savoir-faire du chorégraphe dans l’écriture du duo… Une sourde violence jaillit à chaque instant, que ce soit dans une scène de combat, dans le traitement réservé aux livres, ou dans la brutalité des chaînes qui tombent du ciel. Le sexe se lit dans les caresses et l’entrelacs des corps, dans la lascivité des femmes, ou dans un rapport de domination homme-femme. Restent bien sûr l’image de ces saris, qui voilent les visages et habillent la luxure, et l’agneau qui les foule, égaré dans la multitude du monde.
 
Nathalie Yokel


Spectacle vu au Théâtre National de Chaillot
Suivront mille ans de calme d’Angelin Preljocaj, le 9 décembre à 19h30, les 10 et 11 décembre à 20h30, au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, place Georges Pompidou, 78054 Montigny-le-Bretonneux. Tél : 01 30 96 99 00. Et du 27 au 30 décembre à 20h30 à l’Opéra Royal de Versailles, Château de Versailles, place d’armes, 78000 Versailles. Tél : 01 30 83 78 89.

A propos de l'événement


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