La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2016 - Entretien / Laurence Perez

Sélection suisse en Avignon

Sélection suisse en Avignon - Critique sortie Avignon / 2016 Avignon
Crédit photo : Agnès Mellon Légende : Laurence Perez, directrice artistique de la Sélection suisse en Avignon.

Publié le 26 juin 2016 - N° 245

La Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia et la Commission romande de diffusion des spectacles lancent la première Sélection suisse en Avignon. Sa directrice artistique, Laurence Perez, nous présente ce projet visant à accroître la visibilité de la scène suisse en France.

Comment est née l’idée de cette Sélection suisse en Avignon ?

Laurence Perez : Du constat que le spectacle vivant suisse est encore peu présent dans les programmations hexagonales. La France est un débouché naturel pour ces productions, notamment francophones. Pourtant, la frontière reste difficile à franchir. Il y a, bien sûr, la figure tutélaire de Christoph Marthaler, et d’autres contre-exemples significatifs. Mais, de façon générale, la France connaît mal la création théâtrale et chorégraphique helvète. Projet pilote, la Sélection suisse en Avignon entend contribuer à plus de visibilité.

Quel en est le principe et comment s’organise-t-elle ?

L. P. : Comme son nom l’indique, la Sélection sélectionne des artistes suisses désireux de « faire Avignon ». Elle leur offre un temps d’exposition dans un lieu repéré du Off ainsi qu’un accompagnement personnalisé, pour faire de cette présence en Avignon le générateur de contacts et de tournées. Concrètement, il n’y aura pas de « Théâtre des Doms suisse » (ndlr, théâtre dédié à la création contemporaine belge francophone), mais un parcours imaginé avec nos partenaires : La Manufacture, le Gilgamesh et Les Hivernales. Sans oublier la Collection Lambert, qui nous accueille en complicité avec le Festival d’Avignon pour l’intégrale de Conférence de choses, un projet hors format de 8h.

« Artistiquement, la Suisse n’est pas un pays neutre. »

Quel paysage de la scène suisse cette Sélection vise-t-elle à représenter ?

L. P. : Un paysage différent de ceux que l’on associe traditionnellement à la Suisse. À travers cette première Sélection, il m’a semblé important de déjouer certains clichés. Artistiquement, la Suisse n’est pas un pays neutre. Ses créateurs savent faire preuve d’humour, de fantaisie, embrasser des sujets de société, affirmer leur point de vue, même sur des questions controversées. C’est vrai qu’ils le font souvent avec douceur, mais douceur ne veut pas dire candeur.

Quelle est la ligne artistique de votre programmation ?

L. P. : Résolument contemporaine et foncièrement accessible. Avignon doit rester l’endroit de la découverte : le spectateur, si on l’y invite, est prêt à prendre des risques. La question est celle de l’adresse, du partage. Tous les artistes de la Sélection suisse s’en soucient et c’est aussi pour cela que je les ai choisis.

Quelles sont les quatre propositions que vous avez retenues ?

L. P. : Conférence de choses, une déambulation drolatique au cœur du savoir contemporain participatif. À cette valse de la pensée répond celle du désir, que Perrine Valli orchestre d’un geste ciselé et envoûtant dans Une femme au soleil. Même sensibilité à fleur de peau sur le plateau de King Kong Théorie où Emilie Charriot fait tinter plus que tonner les mots de Virginie Despentes. Des propos qui résonnent avec le Traumboy de Daniel Hellmann, qui évoque son métier de travailleur du sexe. Une activité tout à fait légale en Suisse.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Sélection suisse en Avignon
du mercredi 6 juillet 2016 au dimanche 24 juillet 2016


www.selectionsuisse.ch

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