SACRE /GOLD

« Mon travail évolue, ce n’est pas un produit, fixé, figé, que l’on peut dupliquer à l’envi. En vingt-cinq ans de travail, Le Sacre du printemps est peut-être la seule pièce qui pouvait se prêter à une reprise. » Mêlant à la musique de Stravinsky les boucles lascives de la Salsa, sa relecture du Sacre du printemps a contribué à faire connaître Emanuel, qui, à l’époque, dansait encore. À la fois nerveux, sensuel, son Sacre épousait les méandres du désir amoureux dans des corps à corps tourbillonnants.  Mais la surprise vient du fait que pour ces représentations au 104, Emanuel reprendra son rôle sur scène. « C’est un choc ! J’étais sûr de ne plus redanser depuis mon arrêt il y a cinq ans. ».

L’art de la concision

GOLD est une version rénovée de Goldlandbergs,  créée en 2013 pour Montpellier Danse. « Il me fallait, au bout de deux ans, soit l’arrêter, soit opérer un changement radical. J’ai choisi la deuxième solution. ».  C’est donc une version épurée, plus simple, plus essentielle, que recompose Emanuel Gat. Si les Variations Goldberg jouées par Glenn Gould et sa création radiophonique Quiet in the Land, sont conservées, les interprètes sont désormais au nombre de cinq, comme dans le SACRE. Conçu comme une fugue de Bach dont il a l’art et la manière, GOLD est un miracle de contrepoint chorégraphique. Se déployant en variations fuguées, on repère ici et là des thèmes qui se répètent et dont le retour interroge à chaque fois la relation entre l’un et le groupe. L’écriture est presque transparente, en ceci qu’elle est faite d’accointances, de rencontres entre les corps qui s’enlacent ou s’éloignent, qu’elle ménage des vides au sein même du tissu gestuel, comme pour mieux matérialiser le silence. D’une intelligence aiguë et d’une splendeur tranquille, GOLD libère l’émotion intense d’une danse sans fard.

Agnès Izrine