La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Rumeur et petits jours

Rumeur et petits jours - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Bastille
Rumeur et petits jours du Raoul Collectif. Crédit : Céline Chariot

Théâtre de la Bastille / du Raoul Collectif

Publié le 25 octobre 2016 - N° 248

En 2012, le Raoul Collectif présentait Le Signal du promeneur, sa première création, au Théâtre de la Bastille. Quatre ans plus tard, les cinq artistes belges reviennent dans le même théâtre avec Rumeur et petits jours. Et toujours l’intention de battre en brèche, par l’humour, l’enfermement de notre monde dans un système de pensée unique.  

Ils sont cinq, viennent de Belgique, se sont constitués en collectif en 2009, à l’occasion de la réalisation du premier spectacle qu’ils ont écrit, mis en scène et interprété ensemble : Le Signal du promeneur* (spectacle lauréat des prix du jury et du public lors du Festival Impatience 2012). Aujourd’hui, Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret et Jean-Baptiste Szézot présentent leur deuxième création. Une réflexion satirique sur l’opposition entre le groupe et l’individu, sur la tyrannie de la pensée unique et les diktats du néo-libéralisme. Pour ce faire, les membres du Raoul Collectif nous placent devant une émission de radio sortie d’une autre époque. Vintage, pourrait-on dire : avec son télex, ses micros à l’ancienne, et une façon totalement passéiste (certains penseront ringarde) de vouloir s’occuper du fond plutôt que de l’apparence. Les directeurs de la station ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. Ils ont rayé de l’antenne le magazine littéraire dont il est question. Le 347ème numéro d’Epigraphe, qui commence sous nos yeux, sera donc le dernier.

L’idée de groupe opposée à celle d’individu

Evidemment, cette dernière émission passe par quantité d’imprévus. Débordements en tous genres, querelles des chroniqueurs, escapade musicale, digression animalière, apparition d’une invitée surprise… Tout cela tire le fil de la démonstration par l’absurde pour creuser le sillon du politique. Au-delà de l’amusement et des pistes de réflexion qu’elle peut faire naître, cette fantaisie donne l’impression de manquer d’audace et de complexité théâtrales. Le propos défendu par le collectif belge aurait, en effet, sans doute été plus fort s’il avait engendré une représentation dépassant le cadre (plutôt convenu, admettons-le) de ce théâtre de genre. D’apparence loufoque mais finalement assez lisse, Rumeur et petits jours se révèle trop sage. Et trop attendu. On aurait aimé plus de liberté. Plus d’invention. En somme, plus d’anticonformisme. En s’émancipant des codes du déjà-vu, les artistes du Raoul Collectif nous auraient épargné certaines facilités. Ils auraient aussi probablement évité certaines longueurs qui laissent planer la marque de l’exercice de style.

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Rumeur et petits jours
du mercredi 2 novembre 2016 au vendredi 25 novembre 2016
Théâtre de la Bastille
76 Rue de la Roquette, 75011 Paris, France

à 21h. Relâche les 6, 12, 13 et 20 novembre. Durée de la représentation : 1h30. Spectacle vu au Festival d’Avignon, le 17 juillet 2016. Tél. : 01 43 57 42 14. www.theatre-bastille.com

 

Egalement le 29 novembre au Forum Meyrin à Genève, le 18 mars 2017 au Théâtre de Châtillon, du 4 au 7 avril au Trident à Cherbourg, du 21 au 25 mars au Théâtre de Liège, du 20 au 22 avril au Théâtre de Namur.

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