La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Roméo et Juliette

Roméo et Juliette - Critique sortie Théâtre Paris Cité Internationale des Arts
Crédit photo : Thierry Mercier et Dominique Azambre Légende photo : Anne-Solenne Hatte, Juliette belle et rebelle

La Tour Vagabonde, Cité Internationale des Arts / Roméo et Juliette / de Shakespeare / mes de Baptiste Belleudy

Publié le 30 mars 2013 - N° 208

La Compagnie Les Mille Chandelles investit la Tour Vagabonde, théâtre de bois imité du Globe shakespearien, avec un Roméo et Juliette romantique et enlevé, en forme d’ode à la jeunesse.

Conçue sur le modèle du Théâtre du Globe, où la troupe de Shakespeare créa nombre de ses pièces, la Tour Vagabonde a été construite, il y a plus de quinze ans, par les Ateliers de l’Orme, à Treyvaux, en Suisse. Récemment restaurée, cette charmante boîte à théâtre offre un cadre privilégié à la reprise des œuvres du grand Elisabéthain. L’étroit écrin de la scène, les deux balcons, les escaliers de bois et les coursives sonores offrent la possibilité d’effets proches de ceux dont devait user Shakespeare pour ses spectacles. Les bancs rustiques, la vision panoptique, le vin chaud de l’entracte et la soupe d’après spectacle permettent au public un voyage historique, exotique et savoureux. La Compagnie Les Mille Chandelles a rencontré l’équipe de la Tour Vagabonde en avril dernier : artistes et concepteurs de ce lieu itinérant ont décidé de prendre la route ensemble, avec un Roméo et Juliette adapté à ce lieu, offrant ainsi un sympathique retour aux sources.

Lecture passionnée de la tragédie élisabéthaine

Baptiste Belleudy, qui voit en Roméo une « figure rimbaldienne », interprète le jeune Montaigu et met en scène la pièce. Face à lui, Anne-Solenne Hatte campe une Juliette belle et rebelle, fougueuse adolescente exaltée. Baptiste Belleudy affirme et assume un traitement romanesque de la pièce, tout en émotions et en pamoisons. La scène de la joute rhétorique entre Mercutio (talentueux Paul Gorostidi) et Roméo, entouré par la fine fleur de la jeunesse véronaise, et celle, entre ces mêmes jeunes gens et la nourrice (excellente Sylvy Ferrus), transforment les vitelloni fantasques et fins bretteurs en de très crédibles enfants du siècle à la Musset : le parti pris dramaturgique fonctionne avec bonheur. Il est moins efficace quand il fait des amants des tourtereaux fiévreux et lyriques, réduisant les deux comédiens à la caricature de jeunes premiers narcissiques, modulant mal leurs épanchements. Autour d’eux, le reste de la troupe incarne efficacement les seconds rôles : belle vérité débonnaire de Bernard Métraux en père Capulet, belle humanité maladroitement meurtrière d’Axel Blind, en Frère Laurent. Le texte de Shakespeare, dans la traduction de Jean Sarment, est simple à entendre, et permet un traitement dynamique et enlevé de l’intrigue. L’ensemble compose un bel hymne à la jeunesse et à l’amour, servi par une troupe évidemment sincère et plaisamment charmante.

Catherine Robert

A propos de l'événement

Roméo et Juliette
du mercredi 20 mars 2013 au mardi 30 avril 2013
Cité Internationale des Arts
18, rue de l'Hôtel de Ville, 74004 Paris

A partir du 20 mars 2013. Du mardi au samedi à 20h ; samedi et dimanche à 15h. Tél. : 07 78 52 52 27. Durée : 3h40 avec entracte.
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