Pulp Festival

Imaginé par ARTE et la Ferme du Buisson, Pulp Festival s’articule autour de la bande dessinée et relie de façon innovante et plurielle cet art du dessin à ceux de la scène. De la page blanche au plateau, l’imagination des artistes donne vie aux espaces avec passion et les peuple de toutes sortes de traces, d’histoires et de créatures.  Grâce au Festival, des croisements singuliers et inédits se mettent en œuvre et se traduisent par un florilège de manifestations : spectacles, expositions, conférences, rencontres… Pour commencer, les expositions. Place d’abord aux recalés : Bandes Fantômes présente des projets de bandes dessinées traversant le XXe siècle jusqu’à nos jours qui n’ont pas trouvé d’éditeur, censurés ou abandonnés par leurs auteurs, célèbres ou inconnus.  Puis, Loo Pui Hang – déjà présent l’an dernier pour la lecture-visite de La Ferme des animaux d’après le roman de Orwell – et Ludovic Debeurme plongent le visiteur dans l’atmosphère étrange de La Chute de la Maison Usher d’après la nouvelle d’Edgar Allan Poe. Aimant déborder de la page, Florent Ruppert & Jérôme Mulot imaginent La Visite des lycéens, parcours dessiné narratif et interactif retraçant la visite d’une exposition d’art contemporain par un groupe d’ados. A voir aussi la fresque de Joe Sacco sur La Grande Guerre et la Bataille de la Somme.

Plongée sensible et onirique

Parmi les spectacles, Lichen-Man mis en scène par Frédéric Sonntag d’après Prestige de l’uniforme de Hugues Micol & Loo Hui Phang, déploie une sorte de parcours initiatique où un homme ordinaire acquiert par accident des super pouvoirs.  Dans J’ai horreur du Printemps, Mélissa Von Vépy rend hommage à l’album Le Petit Cirque de Fred et à sa famille de forains mélancolique et bourrue, à travers une plongée sensible et onirique conjuguant projections, performance et musique composée par Stephan Oliva. Dorian Rossel adapte le manga Quartier lointain de Jiro  Taniguchi où un père de famille presque cinquantenaire se retrouve propulsé dans son passé d’adolescent, entre émotion et prise de conscience. Vincent Glowinski et Jean-François Roversi mettent en forme une performance, Méduses, où le geste dessine et rend visible, par la projection et par les corps. Un festival qui réinvente et démultiplie le geste artistique, et plus que jamais ce geste est l’expression d’une liberté à chérir.

Agnès Santi