La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

PSYcause(s) 2

PSYcause(s) 2 - Critique sortie Théâtre Paris Studio Hébertot
Josiane Pinson, analyste drolatique et lucide de la féminité. Crédit photo : Aïda Diagne

Studio Hébertot / de et par Josiane Pinson / mes Gil Galliot

Publié le 22 février 2016 - N° 241

Josiane Pinson interprète la suite du spectacle créé il y a quinze ans, pour lequel elle a inventé un personnage farfelu et attachant. Portrait d’une psychothérapeute déjantée et joli croquis du féminin sous tous ses aspects.

PSYcause(s) 1 dressait le portrait d’une analyste à la cinquantaine tonitruante, décidée à profiter de la vie avant d’attaquer la longue descente de la ménopause à la vieillesse. Dix ans après, et vingt ans après La Quarantaine rugissante, la voici au bord du troisième âge ! Elle est grand-mère, bien étonnée que son bébé ait un bébé, mais se rassure en apprenant que sa propre mère joue la cougar à plus de quatre-vingts printemps… Après deux mariages et deux divorces, elle vit avec Pierre, mais Pierre s’envoie en l’air avec de la chair fraîche affriolante… Pierre a trouvé un « nique la mort » : quels sont ceux auxquels peut se rattacher l’analyste, quand sont fils vide son compte en banque et que sa fille compose des chansons qui l’insultent ?… Les patientes qui défilent dans son cabinet ne sont pas non plus en pleine forme ! On retrouve l’inénarrable Madame Gras, qui a cessé de vomir sur la moquette mais se masturbe désormais en pleine séance, et tout une série de femmes, qui composent avec la frustration en essayant de continuer le difficile métier de vivre.

L’humour avec l’amour en plus

Lovée, avachie, raidie, langoureuse ou coincée, Josiane Pinson, variant les mines et les poses, occupe un grand fauteuil orange, véritable compagnon de jeu, où elle est tour à tour analyste et analysante. Toujours sur la pointe des mots, sur la pointe du rire, l’actrice va au fond des âmes et vise en plein cœur. En même temps qu’elle se moque, elle dresse un tableau plein de compassion de ces femmes, ses semblables et ses sœurs, qu’elle connaît bien et décrit avec délicatesse, sans morgue ni mépris. Son personnage en apprend autant de ses patientes qu’elle les aide à élucider leurs angoisses. Les allers-retours entre sa propre existence et celles des femmes qu’elle reçoit, très subtilement aménagés par la mise en scène et l’interprétation, suggèrent que celui qui s’occupe des autres en tire toujours un bénéfice personnel. L’analyste reste une femme comme les autres, pétrie de contradictions et de doutes. Gil Galliot dirige Josiane Pinson, subtile et précise comédienne, avec beaucoup de finesse. Le rythme est enlevé et le tuilage entre les voix off, la musique et le jeu est élégant et toujours limpide. Josiane Pinson passe d’un personnage à l’autre avec une fluidité remarquable. Cette nouvelle pièce est plus tendre que les précédentes. Josiane Pinson ausculte ses contemporains avec toujours autant de pudeur, mais dévoile les failles de son personnage avec une sincérité encore plus sereine. Gain de l’analyse ou bénéfice de l’âge ? Toujours est-il que l’humour demeure le meilleur viatique existentiel : Josiane Pinson le prouve brillamment !

Catherine Robert

A propos de l'événement

PSYcause(s) 2
du mardi 12 janvier 2016 au dimanche 20 mars 2016
Studio Hébertot
78 Boulevard des Batignolles, 75017 Paris, France

Du mardi au samedi à 21h ; dimanche à 15h. Tél. : 01 42 93 13 04. Durée : 1h20. Reprise au festival d’Avignon du 7 au 30 juillet, au Théâtre du Petit Chien, à 19h.

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