Pierre Durand : blues and roots
GENERATION SPEDIDAM
Publié le 25 janvier 2017Ce guitariste éclectique unifie l’ensemble des musiques qu’il affectionne à l’aune du blues et des musiques « racines », de l’Afrique à La Nouvelle-Orléans, avec une grande liberté.
En 2012, Pierre Durand a pris ses cliques et ses claques, et il est parti à La Nouvelle-Orléans. Une dizaine de jours, « pour se mettre en danger. » Entendez : se confronter à soi-même, dans une ville « berceau des musiques qu’il aime vraiment ». Lui qui admire autant Chuck Berry que David Gilmour avait besoin, après plus de dix ans à servir les projets des autres, d’aller « confronter l’imaginaire au réel » pour définir le sien. Il en a tiré un premier disque, enregistré sur place, en solo, qu’il a titré « Chapter One : NOLA Improvisations. »
Venu au jazz par le blues
Ce gaucher qu’on a forcé à jouer de la guitare comme un droitier n’aime pas le conformisme, ni les musiques formatées. S’il est entré au conservatoire, c’était d’abord pour y suivre des cours de musique indienne. Fort de son expérience à New Orleans, il a relancé son quartet, nommé « Roots ». Comme un retour aux sources, un clin d’œil à Charles Mingus, aux fondamentaux, au blues qui fut un premier déclencheur dans son enfance, mais revisité avec la distance d’un musicien venu d’ailleurs. Un titre qui fait écho aussi au roman de l’écrivain noir américain Alex Haley, qui lui a appris que « le neuf se fait toujours avec l’ancien ». S’il se reconnaît dans le jazz, Pierre Durand l’a d’abord aimé au travers d’Archie Shepp, de son rapport viscéral au blues. Vingt-cinq ans après avoir usé ses disques, il a pris part au Attica Blues Big Band remonté par le saxophoniste. Une boucle s’est bouclée. Parallèlement à un projet de chansons urbaines, « Ravi(e)s », avec Marine Bercot, il rend hommage, avec le flûtiste Joce Mienniel, au regretté Ali Farka Touré, le grand guitariste mandingue fan de John Lee Hooker. Pierre Durand n’est pas l’homme d’une seule musique, et le mot racine ne saurait s’écrire, pour lui, qu’au pluriel.
Vincent Bessières
A propos de l'événement
Pierre DurandDernier album paru : Pierre Durand Roots Quartet : « Chapter Two : Libertad » (Les Disques de Lily)