La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Nous n’irons pas ce soir au paradis

Nous n’irons pas ce soir au paradis - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre des Abbesses
Serge Maggiani reprend Nous n’irons pas ce soir au paradis. Crédit Photo : Fabienne Rappeneau

Théâtre des Abbesses / d’après Dante Alighieri / interprétation Serge Maggiani

Publié le 28 mars 2014 - N° 219

Créé à L’apostrophe – Théâtre des Arts, à Cergy-Pontoise, l’étonnante digression sur Dante de Serge Maggiani est aujourd’hui reprise au Théâtre des Abbesses. Un pur moment de vie et de poésie.

Alors qu’il interprète Le Faiseur de Balzac*, le soir, sur la scène des Abbesses, Serge Maggiani nous donne un autre rendez-vous, un peu plus tôt, en fin d’après-midi. Cela se passe dans le même théâtre, à 18h. Le comédien dit, vit, transmet, commente des extraits des Chants I et V de L’Enfer de Dante Alighieri. Il nous entraîne ainsi dans La Divina Commedia, en français et en italien, mais convoque aussi l’existence de celui que l’on considère comme le père de la langue italienne (né à Florence en 1265, mort à Ravenne en 1321, Dante n’a pas écrit La Divine Comédie en latin, mais en dialecte florentin), ainsi que divers points d’analyse littéraire, poétique, divers éclaircissements sur l’histoire du catholicisme, sur l’Italie d’hier et d’aujourd’hui. Né de l’autre côté des Alpes, à Carrare, Serge Maggiani est Italien de nationalité et de cœur. Il faut l’entendre parler du pain de sa chère Toscane, l’entendre raconter des histoires de petit enfant qui, jouant par terre dans une cuisine, voit un adulte se pencher sur lui, « grand, très grand, grand comme la Tour de Pise », et lui dire que le plus grand des poètes était Italien, qu’il est revenu du voyage d’où l’on ne revient pas.

Un messager nommé Serge Maggiani

Il faut le voir se lever du premier rang des spectateurs pour monter sur un plateau réduit à sa plus simple expression, et prendre la parole, tout aussi simplement. Un bord de scène sans décor, fermé par un rideau blanc tombant des cintres, le place au plus proche du public. La salle restera éclairée tout au long de la représentation. Car le comédien s’adresse à nous les yeux dans les yeux, nous tutoyant comme Dante tutoie son lecteur, mettant de côté toute forme de théâtralité, ou de cérémonie. En revenant ainsi à L’Enfer, après avoir participé, en 2008, lors du Festival d’Avignon, à une lecture d’extraits de La Divine Comédie dirigée par Valérie Dréville dans la Cour d’honneur du Palais des papes (cette expérience est à l’origine de ce spectacle, conçu en collaboration avec la comédienne et dédié à Philippe Avron), Serge Maggiani se transforme en messager. C’est toute sa densité, toute sa justesse, toute sa sensibilité teintée d’humour qui s’expriment dans cette digression poétique. « La Commedia est une œuvre savante, parfaite, une cathédrale », nous confie le comédien. A l’inverse de cette stature intimidante, Nous n’irons pas ce soir au paradis établit un moment de partage convivial, sans solennité. Un moment simple et vrai, comme une balade, un soir, sur un chemin de Toscane.

Manuel Piolat Soleymat

* Critique à lire dans ce même numéro, La Terrasse n° 219, avril 2014.

A propos de l'événement

du mercredi 26 mars 2014 au vendredi 11 avril 2014
Théâtre des Abbesses
31 Rue des Abbesses, 75018 Paris, France

Du mercredi au vendredi à 18h. Durée de la représentation : 1h20. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com

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