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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Gros Plan

Notre innocence

Notre innocence - Critique sortie Théâtre Paris La Colline – Théâtre National
Photos de répétitions de Notre innocence © Tuong-Vi Nguyen

La Colline – Théâtre national / Texte et mes Wajdi Mouawad

Publié le 19 février 2018 - N° 263

Après Tous des oiseaux, sa grande et belle fable consacrée notamment au conflit israélo-palestinien, Wajdi Mouawad s’intéresse à la jeunesse actuelle. Porté par dix-huit comédiens issus des deux côtés de l’Atlantique, Notre innocence célèbre la vie malgré les peurs.

Dans ses vastes fresques comme dans son cycle “Domestique“ qu’il s’apprête à poursuivre, Wajdi Mouawad dit la grande Histoire à travers la petite. Celle d’individus dont les destins se croisent de manière souvent inattendue. Souvent tragique, mais aussi pleine d’espoirs en des lendemains meilleurs. Notre innocence ne fait pas exception. La pièce s’ouvre sur le suicide de Victoire, étudiante du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (C.N.S.A.D.) et mère d’une petite fille de neuf ans, qui ébranle toute sa promotion. Jusque-là enfouis, s’expriment alors non seulement les peurs de chacun, mais aussi ses désirs. Car, écrit le directeur du Théâtre de la Colline, « dans cet instant indicible de la disparition apparaît l’intuition d’un don, comme si la mort seule permettait d’offrir ce qui ne peut être exprimé ». Né d’un atelier de recherche mené par Wajdi Mouawad en 2015 au C.N.S.A.D., ce spectacle est ancré dans les brûlures du présent : celles qu’ont provoqué chez le metteur en scène et ses élèves les attentats du 13 novembre, et la mort de l’une d’entre eux peu après la présentation publique de leur travail, alors intitulé Victoires. Un double traumatisme qui hante Notre innocence. Et qui lui donne de la force.

Génération en deuil

De Victoires à Notre innocence, le temps a passé. Entièrement réécrit pour les dix-huit jeunes comédiens français et canadiens choisis pour interpréter la promotion endeuillée, le texte s’est transformé. Il épouse les douleurs et les craintes d’aujourd’hui, qui ne sont plus tout à fait celles d’hier. On retrouve l’urgence qui caractérise le théâtre de Wajdi Mouawad. Celle qui fait par exemple se déchirer et s’aimer la famille israélienne du superbe Tous des oiseaux créé en novembre dernier. « Occasion d’entendre, sur le grand plateau de La Colline, ce que la jeunesse a à dire », Notre innocence pose en effet un déluge de questions auxquelles il est impérieux pour les nouvelles générations de répondre. « De quoi sont-ils les dépositaires ? Les héritiers ? De quoi sont-ils les sources et les victimes des inquiétudes ? Qu’est-ce qui les anime et les défait ? Et comment aiment-ils, meurent-ils, trouvent-ils leurs joies ? ». Âgés de vingt-trois à trente ans, de formations et de cultures différentes, les dix-huit artistes du spectacle s’interrogent. Tout en questionnant le rôle du théâtre dans le monde actuel.

Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Notre innocence
du mercredi 14 mars 2018 au mercredi 11 avril 2018
La Colline – Théâtre National
15 rue Malte Brun, 75020 Paris, France

Du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30.

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