La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien / Luc Petton

Light Bird

Light Bird - Critique sortie Danse Paris Théâtre national de Chaillot
Légende : La majesté d'oiseaux danseurs. Photographie : Virginie Pontisso

Théâtre National de Chaillot / chor. Luc Petton et Marilén Iglesias-Breuker

Publié le 19 avril 2015 - N° 232

Luc Petton chorégraphie avec Marilén Iglesias-Breuker le dernier volet de son triptyque unissant danseurs et oiseaux.

D’où vient le projet de mettre en scène des grues ?

Luc Petton : C’est Eric Bureau qui a attiré mon attention sur ces « grues du Japon » ou « de Mandchourie ». En Asie, elles symbolisent l’immortalité, la transcendance ; on dit qu’elles accompagnent les âmes des humains dans leur ultime voyage. Elles sont aussi d’une remarquable expressivité ; elles « dansent », elles communiquent par le mouvement. Enfin, malgré leur étrangeté, elles sont proches de nous : elles sont presque aussi grandes qu’un adulte ; elles vivent une soixantaine d’années…

« Sur un plateau, ces oiseaux sont les ambassadeurs du monde sauvage. »

Comment la création s’est-elle déroulée ?

Luc Petton : Avant même l’éclosion,  les oeufs ont régulièrement été mis en contact vocal avec des êtres humains, notamment des danseurs. La création s’est déroulée à l’écoute des oiseaux, de leurs mouvements, leurs rythmes, par exemple leur façon si étonnante de passer abruptement d’une situation à une autre, de se mettre à courir en un instant. Marilén Iglesias-Breuker et moi proposions aux danseurs d’improviser après ces séances de travail avec les oiseaux. Il s’agit donc d’une imprégnation réciproque, des oiseaux par les humains et vice-versa. L’enjeu est que ni les uns ni les autres ne deviennent de simples faire-valoir : le risque est de réduire l’oiseau à une illustration d’un concept, mais aussi de se faire avaler par la fascination que suscite l’oiseau, sans réussir à montrer quoi que ce soit d’autre. Nous essayons de proposer une réelle coexistence, face à laquelle le spectateur pourra se laisser absorber par un oiseau, mais aussi par un être humain, ou par le dialogue entre deux individus d’espèces différentes…

Comment cette coexistence se concrétise-t-elle sur le plateau ?

L. P. : Patrick Bouchain, pour la scénographie, a imaginé un sol de peau : un biotope vivant, frémissant. La création musicale de Xavier Rosselle est elle aussi intimement liée aux oiseaux, qu’il a enregistrés dès les débuts de leur période d’imprégnation. Il joue sur le plateau, en prise avec ce qui se déroule sous ses yeux. De même, Philippe Berthomé, aux lumières, réagit en direct aux événements : la pièce doit rester vivante, à l’écoute de la rencontre. Fondamentalement, il s’agit de respecter l’espace de chacun : personne, sur la planète, ne devrait oser se dire « au centre ». Sur un plateau, ces oiseaux sont les ambassadeurs du monde sauvage – ou de ce qu’il en reste aujourd’hui.

 

Propos recueillis par Marie Chavanieux

A propos de l'événement

Light Bird
du mardi 5 mai 2015 au mercredi 13 mai 2015
Théâtre national de Chaillot
1 Place du Trocadéro et du 11 Novembre, 75016 Paris, France

Du 5 au 8 puis les 12 et 13 mai à 19H. Tél. 01 53 65 30 00.

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