L’Homme assis dans le couloir

Il y a une femme. Et il y a un homme. Assis dans un couloir. Qui la regarde. La femme est allongée, à quelques mètres de lui, sur un chemin de pierre. Autour d’eux : « un jardin qui tombe dans une déclivité brutale sur une plaine, de larges vallonnements sans arbres, des champs qui bordent un fleuve », comme l’a écrit Marguerite Duras. C’est dans cet environnement, à la fois extrêmement concret et donnant l’impression d’échapper au réel, que le récit d’un couple en train de faire l’amour surgit…  « Avec L’homme assis dans le couloir, explique Gabriel Garran, nous sommes éloignés d’un canevas conventionnel, toute identité y est absente, pas de dialogue, pas d’échange oral, aucun passé antérieur qui puisse nous éclairer. Une seule actrice comme pivot, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait qu’un seul personnage. » 

Le corps comme thème, sujet et objet

« C’est l’histoire d’un duo femme-homme où il n’y a plus qu’une personne, un couple sous un angle unique, poursuit le metteur en scène. A l’exaltation passionnelle se substitue l’obsession érotique, sa violence intime. Le corps est le thème, le sujet et l’objet. Marguerite Duras l’aborde avec franchise. Partition textuelle et partition sexuelle se rejoignent. A force de relire les dernières lignes, on en arrive à frôler l’idée d’un suicide sexuel. Et quoi qu’elle écrive, Marguerite ne peut se séparer de ses paysages d’enfance. La mousson du Mékong, les rizières et l’éblouissement solaire seront au rendez-vous. » Sous la direction du fondateur du Centre dramatique national d’Aubervilliers, c’est la comédienne Marie-Cécile Gueguen qui investit aujourd’hui ces paysages. Dans un corps-à-corps entre littérature et théâtre. Entre concret et imaginaire.

* Aux Editions de Minuit.

Manuel Piolat Soleymat