La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Critique

Les pièces de New York

Les pièces de New York - Critique sortie Danse Montpellier Opéra Berlioz Le Corum
Crédit : Jean-Claude Carbonne Légende : Spectral Evidence par le Ballet Preljocaj.

Montpellier Danse / Chor. Angelin Preljocaj / Mus. Cage, Vivaldi,

Publié le 26 mai 2017 - N° 255

Créées pour le New York City Ballet, ces deux œuvres « américaines » d’Angelin Preljocaj nous font découvrir l’écriture du chorégraphe sous un nouveau jour. Elles seront présentées en ouverture de Montpellier Danse.

Spectral Evidence s’inspire du procès des sorcières de Salem en 1692, où la « preuve spectrale » condamna sans appel des femmes innocentes. La chorégraphie, loin de tomber dans une emphase narrative, est au contraire d’une limpidité presque glacée, comme pour mieux mettre en relief l’incompréhension et l’effroi que suscite en nous ce procès infamant.  Répartis en quatre couples qui associent à chaque « sorcière » un pasteur puritain, Preljocaj a traité avec finesse la différence de gestuelle qui caractérise ces duos mal appariés. Au lieu de faire des femmes des suppôts de la luxure et des hommes les garants d’un ordre injuste, la chorégraphie s’attache à faire apparaître la fragile inquiétude des unes et la certitude indifférente des autres. La sobriété des décors, très minimalistes, et surtout la musique de John Cage, percussive et désarticulée, raclant le son jusqu’au simple souffle, contribuent à faire de Spectral Evidence un huis clos froid et effrayant.

Extravagante et autobiographique

La Stravaganza, comme l’indique le titre, est plus « extravagante ». La pièce mêle une histoire d’immigrants venus du passé, habillés en costumes vaguement XVIIe siècle, et des danseurs d’un look plus récent et assez balanchiniens. La pièce s’amuse à téléscoper les époques et les styles, les danseurs d’aujourd’hui dansant principalement sur Vivaldi, les baroques sur des musiques très contemporaines. Et, si, au départ, on a bien deux groupes distincts, les « contemporains » avec une gestuelle qui hésite entre Cunningham et Balanchine, et les « baroques » qui synthétisent une forme de « Belle danse » revue et corrigée par Preljocaj, les vocabulaires se perfusent de l’un à l’autre. La pièce, est, d’une certaine façon, un condensé de l’histoire du chorégraphe, fils d’immigrants, passé par Cunningham et les accents baroques de Dominique Bagouet. Mais on peut aussi y voir un résumé de l’histoire américaine et de sa culture issue du Vieux Continent modelée par les grands espaces du Nouveau Monde.

Agnès Izrine

A propos de l'événement

Les pièces de New York
du mardi 19 mars 2024 au samedi 24 juin 2017
Opéra Berlioz Le Corum
Esplanade Charles-de-Gaulle, 34000 Montpellier, France

à 20h. Durée : 1h15. Tél. :0 800 600 740. Spectacle vu le 10 septembre 2015 au Pavillon Noir à Aix-en-Provence.

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