La Terrasse

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Théâtre - Critique

Le Torticolis de la girafe

Le Torticolis de la girafe - Critique sortie Théâtre
Légende : « Je t’aime/moi non plus » dans Le Torticolis de la girafe Crédit photo : Giovanni Cittadini Cesi

Publié le 10 avril 2012 - N° 197

Sous ce titre énigmatique et réussi, un spectacle reprend le thème des relations amoureuses à l’aube de l’âge adulte. Hommes. Femmes. Désirs et peurs. Idéal sans réalité. Sans peigner la girafe, celle-ci accouche quand même d’une souris.

Petite salle du Rond-Point où se réfugient des spectacles sans tête d’affiche et autres formes originales. Sur un plateau dépouillé, hors un cube sur roulettes, un banc d’école et quelques panneaux de voile blanc, les quatre comédiens et comédiennes frappent d’emblée par leur jeunesse. Rythme, énergie, saynètes se succèdent rapidement, nous sommes bien là dans une comédie légère. On lira plus tard la note d’intention de l’auteure, Carine Lacroix : « L’expérience à tenter dès le départ était claire et nette : le rire ». Traduction en scène, le spectacle est plein d’une vitalité joyeuse qui malheureusement ne passe pas la rampe. La faute à des situations un peu convenues : l’employée de supermarché qui se fait des films, l’auteur maudit qui néglige sa Muse pour son Oeuvre, ou encore le couple de rebelles rock gothiques qui n’ose pas passer à l’acte, tant chacun est plein d’orgueil et d’envie. Huit personnages au total, soit quatre couples qui s’entrecroisent et battent le fer comme les hommes et les femmes d’aujourd’hui.

Rebattre les cartes du masculin et du féminin

Ce n’est pas faute de pousser les situations. Ici, c’est l’homme qui tombe enceinte, là, la femme qui se déclare au premier regard. L’un des mérites de ce ballet est de rebattre les cartes du masculin et du féminin, mélangeant les rôles, les sensibilités, les désirs et les peurs, loin des schémas figés qu’assigne ordinairement la société. Néanmoins, toutes ces histoires, il nous semble les avoir déjà vues, ou vécues ; et la ronde endiablée des comédiens  tourne vite en rond faute de trouver un propos singulier et une véritable  profondeur.  A force de se contenter de croquer, rien ne mord. Brièveté des saynètes et cocasserie des personnages font que l’on peine à s’attacher. Egrenant les éternels travers amoureux, le spectacle ne crée pas la surprise qui déclencherait le rire. Au final, Le Torticolis ne parvient pas à tordre le cou aux clichés de la comédie amoureuse : King, Queen, Piou, Zed, Gabriel-Gabriel, Domi-Do, Pépita et Rodrigo s’attirent, se fuient, s’évitent, s’aimantent, cherchent bien à se rencontrer et à s’aimer quand les en empêchent leurs névroses. Mais de toute cette effervescence, rien ne parvient vraiment à toucher. Pour se presser de rire de tout, peut-être faut-il ne pas avoir peur d’en pleurer.

Eric Demey


Le Torticolis de la girafe de Carine Lacroix, mise en scène de Justine Heynemann. Jusqu’au 14 avril au Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin. D. Roosevelt, Paris 8ème. Tél : 01 44 95 98 21. Durée : 1h15.

A propos de l'événement


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