La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Le Syndrome du banc de touche

Le Syndrome du banc de touche - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de Belleville
© DR

Théâtre de Belleville / de Léa Girardet / mes Julien Bertin

Publié le 26 septembre 2018 - N° 269

Dans le seul-en-scène qu’elle a écrit et qu’elle interprète, Léa Girardet établit un parallèle entre son histoire personnelle et la trajectoire des footballeurs remplaçants pour explorer le thème de l’échec.

Et si l’échec était vertueux ? L’idée n’est pas nouvelle, mais l’originalité de la pièce de Léa Girardet est d’établir un parallèle entre deux mondes souvent éloignés : le théâtre et le football. En 1998, lors de la Coupe du monde, elle est encore une enfant assistant devant sa télé à la victoire des Bleus. Dix ans plus tard, elle est persuadée d’avoir sur les planches le potentiel d’un Zinedine Zidane sur un terrain de foot. Las ! une décennie plus tard, elle doit déchanter : « Aujourd’hui j’ai 30 ans et je comprends qu’il ne s’agit pas de se battre pour récupérer le ballon. Mais pour rentrer sur le terrain ! » Tel est le point de départ de la pièce dont l’intérêt principal est de prendre l’expression « mis sur le banc de touche » au pied de la lettre. Léa Girardet choisit pour figure tutélaire Aimé Jacquet qui, avant de rentrer dans l’histoire, avait connu plusieurs échecs. Elle alterne les parcours de remplaçant tels que Lionel Charbonnier (jamais rentré sur le terrain pendant la Coupe du monde 1998) ou Vikash Dhorasso (16 minutes de jeu pendant celle de 2006) et ses propres déconvenues de comédienne au chômage. De même qu’on peut se demander si un remplaçant gagne autant la Coupe que ceux qui ont joué, peut-on se définir comme comédienne quand on ne joue pas ?

Multiplication des parallèles et des personnages

Les comparaisons sont pertinentes, l’idée sympathique. La mise en scène de Julie Bertin restitue bien le vestiaire d’un stade avec quelques accessoires comme un banc ou un portant, et n’hésite pas à jouer avec les codes du milieu footballistique : coaching d’avant match voire effet de ralenti lors du plongeon d’un gardien de but. Un cocasse que l’on retrouve dans le texte qui sait jongler entre l’humour (les solutions décalées proposées par Pôle emploi à la comédienne ou les séances de « groupes de psychodrame » évoquées par une psychanalyste) et l’émotion, notamment vers la fin, quand l’héroïne invective un réalisateur qui l’a humiliée, lui reprochant un comportement contreproductif que ne se serait jamais permis un Aimé Jaquet face à un Lizarazu en piètre forme. Pourtant, à force de multiplier les parallèles et les personnages, d’ajouter des motifs comme la séduction imposée aux femmes ou le marketing, le propos finit par se perdre et n’arrive pas à masquer son côté un peu trop autobiographique. Malgré ses imperfections, ce spectacle appelle la bienveillance car, comme le souligne Aimé Jacquet dans un message audio diffusé sur scène, Léa Girardet « y a mis du cœur ».

Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Le Syndrome du banc de touche
du mercredi 5 septembre 2018 au vendredi 30 novembre 2018
Théâtre de Belleville
94 rue de Faubourg du Temple, 75011 Paris

Tél. : 01 48 06 72 34. Durée : 1h.

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