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Théâtre - Entretien

Le Songe d’une nuit d’été

Le Songe d’une nuit d’été - Critique sortie Théâtre Colmar _Comédie de l’Est
Crédit : Clémence Couleau Légende : Guy-Pierre Couleau

Comédie de l'Est / de Shakespeare / mes Guy-Pierre Couleau

Publié le 21 février 2017 - N° 252

Pièce phare de la dernière édition des Estivales de Bussang, Le Songe d’une nuit d’été mis en scène par Guy-Pierre Couleau poursuit sa vie hors du théâtre de bois fondé par Maurice Pottecher.

Le Songe d’une nuit d’été est votre première mise en scène de Shakespeare. En quoi cette pièce vous a-t-elle semblé la plus susceptible de répondre à la devise « Par l’art pour l’humanité » inscrite sur le cadre de bois du Théâtre du Peuple ?

Guy-Pierre Couleau : Lorsque Vincent Goethals, le directeur du lieu, m’a confié son désir de consacrer la 121ème édition des Estivales au théâtre anglo-saxon, Shakespeare m’est tout de suite venu à l’esprit. Non seulement pour célébrer les 400 ans de sa mort, mais aussi parce que le cadre et le fonctionnement très singuliers du Théâtre de Bussang requièrent selon moi une parole épique. J’ai d’abord pensé monter Hamlet ou La Tempête, mais l’idéal de théâtre populaire qui anime le lieu m’a fait opter pour une comédie plutôt que pour une tragédie. Le fait que trois des cinq actes du Songe se passe dans une forêt a aussi eu son importance dans mon choix ; cela permettait de donner tout son sens à la fameuse ouverture du fond de scène en fin de spectacle.

 Le lieu ouvert par Maurice Pottecher en 1895 est souvent qualifié d’utopique. Le Songe est-il pour vous une pièce porteuse d’utopie ?

 G-P. C : Pour moi, Shakespeare dit dans cette pièce qu’il n’y a pas de vie possible sans un mélange permanent entre le corps et l’esprit. Dans un monde aussi déspiritualisé et désincarné que le nôtre, Le Songe est en effet proche de l’utopie.

« Dans un monde aussi déspiritualisé et désincarné que le nôtre, Le Songe est proche de l’utopie. »

Est-ce ce qui en fait pour vous la modernité ?

G-P. C : Tout à fait. En faisant cohabiter une Grèce antique de pure convention et une forêt peuplée d’esprits, Shakespeare propose avant l’heure un discours humaniste sur les rapports entre nature et culture. Je suis aussi très touché par la grande liberté de la parole féminine dans cette pièce. Constantes dans leurs choix et dans leur sincérité, Héléna et Hermia font entendre une volonté d’accéder à leurs désirs très osée pour l’époque.

Cette parole féminine cohabite dans la pièce avec plusieurs autres discours amoureux. Celui des artisans notamment, qui répètent une tragédie bouffonne inspirée du mythe de Pyrame et de Thisbé, interprétés par des amateurs à Bussang. Qu’en est-il dans votre reprise à Colmar ?

G-P. C : Les amateurs ne pouvant partir en tournée, ils seront remplacés par des personnes issues pour la plupart de l’École Supérieure d’Art Dramatique (ESAD) et du Conservatoire de Colmar. Si cela ne changera rien sur la forme, il est évident que le travail sera différent. Imposé par le Théâtre du Peuple, le mélange entre professionnels et amateurs a été pour mes comédiens et moi une expérience très riche qui continuera de nourrir la pièce, tout comme le cadre fantastique de Bussang qui sera restitué à travers une vidéo.

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Le Songe d'une nuit d'été
du jeudi 2 mars 2017 au vendredi 17 mars 2017
_Comédie de l’Est
6 Route d'Ingersheim, 68000 Colmar, France

Du 2 au 17 mars 2017. Les 2, 7, 9, 14 et 16 mars à 19h, les 3, 8, 10, 15 et 17 mars à 20h30, le 4 mars à 15h et le 11 mars à 18h. Tel : 03 83 24 31 78.

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