La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2016 - Entretien / Thomas Jolly

Le Radeau de la Méduse et Le Ciel, la nuit et la pierre glorieuse

Le Radeau de la Méduse et Le Ciel, la nuit et la pierre glorieuse - Critique sortie Avignon / 2016 Avignon Gymnase du lycée Saint-Joseph
Crédit photo : Olivier Metzger

Jardin Ceccano / Le Ciel, la nuit et la pierre glorieuse, chroniques du festival d’Avignon, de 1947 à… 2086 / création collective de La Piccola Familia / Gymnase du lycée Saint-Joseph / Le Radeau de la Méduse / de Georg Kaiser / mes Thomas Jolly

Publié le 26 juin 2016 - N° 245

Après son marathon shakespearien, Thomas Jolly revient à Avignon avec une pièce qui interroge la barbarie. Le midi, la Piccola Familia raconte l’histoire du festival, pour fêter ses soixante-dix étés.

« Les auteurs, les poètes sont nos éclaireurs : ils donnent des outils pour aiguiser notre discernement. »

Comment avez-vous choisi cet auteur et cette pièce ?

Thomas Jolly : Georg Kaiser est un grand auteur qu’on a beaucoup joué dans les années 70 et 80 et qu’on a eu tendance à oublier depuis. Je rêve de monter cette pièce depuis 2003. Mais j’attendais le bon moment, et surtout la bonne distribution. Quand Stanislas Nordey m’a associé au TNS, il m’a proposé d’encadrer le spectacle de sortie des élèves de l’école, mais j’ai préféré mettre en scène avec eux un spectacle d’entrée dans la vie professionnelle. Ce texte, qui compte six rôles de femmes et six rôles d’hommes, était parfait en termes de distribution. Et les rôles vont comme des gants à ces jeunes acteurs !

Que raconte la pièce ?

T. J. : Georg Kaiser s’est inspiré d’un fait divers : le torpillage par un sous-marin allemand d’un bateau anglais où se trouvaient mille enfants réfugiés. La pièce raconte les sept jours passés en mer par douze enfants (plus un !), livrés à eux-mêmes, dans le huis clos de ce radeau au milieu de l’immensité. Kaiser recrée le dispositif d’un début de l’humanité qui tente de bâtir les règles du vivre ensemble et se délite jusqu’à devenir barbare. Evidemment, on pense à l’actualité, à d’autres déplacements, d’autres endroits, d’autres populations contraintes à l’exil. Mais sans pointer seulement l’actualité, cette pièce est une parabole sur la tragédie humaine et la capacité de notre nature à engendrer la barbarie. Je ne sais pas agir dans le quotidien, donc pour répondre aux questions que pose notre époque, je fais du théâtre. Le théâtre est politique. Je n’invente rien en disant cela, évidemment, mais je crois qu’il faut rappeler que le théâtre, qui a été créé pour cela, est un endroit de brassage de la pensée pour la cité. Les auteurs, les poètes sont nos éclaireurs : ils donnent des outils pour aiguiser notre discernement ; et le rôle du théâtre est de faire circuler cette pensée, pour gagner en outils de réflexion et de compréhension, pour se penser dans le monde et penser le monde. Le Radeau de la Méduse s’inscrit dans cette volonté-là.

Quid de la création collective de la Piccola Familia pour les 70 ans du festival ?

T. J. : C’est une commande d’Olivier Py qui cherchait une idée pour cet anniversaire du festival, et a proposé ce projet très excitant à la Piccola Familia. Collectivement, nous avons réfléchi à la façon de raconter l’histoire du festival en seize représentations, au jardin Ceccano, à midi. Nous avons donc choisi seize entrées, mêlant histoire officielle et histoire intime. Chaque jour, deux auteurs (Damien Gabriac et Manon Thorel) et treize acteurs et actrices offrent une nouvelle proposition, différente dans la forme et le fond, et toujours guidée par une mise en scène collective. « Le ciel, la nuit et la pierre glorieuse », c’est ainsi que Vilar définissait le festival : ce projet hybride, multiforme et performatif tâchera d’en dessiner la si particulière géographie.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

Le Radeau de la Méduse et Le Ciel, la nuit et la pierre glorieuse
du dimanche 17 juillet 2016 au mercredi 20 juillet 2016
Gymnase du lycée Saint-Joseph
62 Rue des Lices, 84000 Avignon, France

Festival d’Avignon. Le Radeau de la Méduse.

à 15h. Durée : 1h45. Le Ciel, la nuit et la pierre glorieuse, chroniques du festival d’Avignon, de 1947 à… 2086. Jardin Ceccano. Feuilleton théâtral quotidien. Tél. : 04 90 14 14 14.

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