La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien

Le jour de la bête

Le jour de la bête - Critique sortie Danse Paris.
Crédit : Aina Alegre Légende : Le jour de la bête d'Aina Alegre.

Création 2017 / CDC Atelier de Paris / Chor. Aina Alegre

Publié le 22 février 2017 - N° 252

Aina Alegre, que l’on a vue danser chez Fabrice Lambert, David Wampach ou Nasser Martin-Gousset, crée une troisième pièce pour sa compagnie  Studio fictif.  Elle y questionne les énergies de groupes, les relations entre individus et communautés.

« L’image emblématique des « castells », manifestations culturelles qui ont lieu chaque année dans ma ville natale, non loin de Barcelone, est le point de départ de ce nouveau projet. Les tours humaines qu’on y réalise sont un très bon exemple de construction, de rassemblement physique dans une recherche d’équilibre. C’est en même temps une fête. Je m’intéresse dans Le jour de la bête aux foyers symboliques que l’on invente pour être ensemble, pour partager quelque chose de l’ordre d’une énergie physique. Cela m’a très vite conduite à l’univers des célébrations. Comment se célèbre-t-on en tant que communauté ? Comment une énergie partagée apparaît-elle, de façon très éphémère, dans un groupe ? Cela m’amène également à travailler sur le statut de l’individu dans le collectif, à comprendre par exemple comment un individu peut émerger d’une communauté ou à l’inverse être écrasé par elle. Et comment chacun de nous négocie avec cette envie ou non de faire groupe, selon nos résistances. Aujourd’hui être ensemble n’est plus quelque chose de si évident, et les fêtes permettent d’inclure, rassemblent au-delà de nombreuses différences. On voit ces rituels dans toutes les cultures, c’est universel et éminemment partageable.

Polyphonie et polyrythmie des corps

Cependant les célébrations ne sont pas toujours légères. Il y a aussi une forme de violence dans cette énergie fort puissante d’une communauté en train de fêter quelque chose, dans ces rites parfois très païens. Ce peut être un endroit de bascule, de fissure de la société. Pour cette création nous manions beaucoup les rythmes, et l’on comprend vite à quel point être ensemble dans un rythme binaire, par exemple, peut évoquer des marches militaires, des énergies guerrières. Un autre axe de notre travail est la voix. Cris, pleurs, rires, chants, tout ce qui se situe avant la parole. Cela nous permet de traiter la question de l’anonymat ou de démultiplier nos présences. Mais cela permet aussi, puisque nous ne sommes pas des interprètes chanteurs, savants, d’évoquer l’aspect transgressif des fêtes, des célébrations, dans le sens où l’on s’y permet des choses que l’on ne fait pas habituellement. »

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

Le jour de la bête
du mercredi 26 avril 2017 au jeudi 27 avril 2017


CDC Atelier de Paris Carolyn Carlson, Cartoucherie.

à 20h30. Tél. 01 417 417 07.

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