La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Le dernier chant

Le dernier chant - Critique sortie Théâtre Vincennes Théâtre de l'Epée de bois
Le Dernier Chant - TEP28 - Chartres - © Jean Cardoso

Théâtre de l’épée de bois / de Tchekhov / mes Mélanie Pichot

Publié le 24 avril 2017 - N° 254

Mélange inédit de textes de Tchekhov rassemblés autour de la figure du comédien, Le dernier chant pâtit d’une mise en jeu bien décevante.

Vous reprendrez bien un peu de Tchekhov ? L’auteur russe est avec Shakespeare l’un des plus représentés sur nos plateaux et l’auteur de ces lignes ne va pas s’en plaindre. S’éloignant des habituels standards tchekhoviens, Le dernier chant, proposé par la compagnie du Théâtre en pièces, troupe installée à Chartres, compile des textes d’origines diverses de l’auteur – théâtre, nouvelles, correspondance – qui traitent tous de la vie de comédien. En témoigne La Mouette et le destin mélodramatique de la jeune Nina, qui rêve de gloire et non pas du quotidien des voyages en troisième classe entre les modestes villes de province que lui offrent finalement les tournées de ses spectacles, la profession de comédien est un vecteur privilégié de ce désenchantement de la vie dont Tchekhov s’est fait le rapporteur avec tant d’humour et de profondeur. Centrant son choix sur des textes donnant voix à des acteurs, actrices (et souffleur) en passe de faire leurs adieux à la scène, ou tout du moins à une scène, la compagnie a placé son spectacle – comme son titre l’indique – sous le signe des regrets, de cette nostalgie passionnée qui n’hésite pas à recourir au lamento, qu’on assimile parfois à l’âme russe. Amour sans doute sincère d’un grand auteur et arpentage inédit de son œuvre ne suffisent cependant pas à faire un bon spectacle. Tentons d’expliquer pourquoi.

 

Intérêt documentaire

Dans une boîte blanche tantôt trou de souffleur, tantôt loge d’artiste – simple et pertinente scénographie – se succèdent des monologues et dialogues qui tissent des liens entre eux et dessinent cette affection tendre et critique que Tchekhov portait aux comédiens. Dans ce cadre dépouillé, c’est sur le jeu que repose la dynamique du spectacle. Mais l’interprétation, aussi honnête soit-elle, ne parvient ni à faire rire, ni à émouvoir. Emmanuel Ray en vieil acteur un brin mégalo devrait bien davantage donner dans la simplicité et la sincérité pour cela. Mélanie Pichot, elle, ne parvient pas à nous faire planer avec sa mouette, et l’esprit burlesque de Fabien Moiny reste lui bien trop à l’étroit dans son cube. Dès lors, l’intérêt documentaire ne suffit pas. Ill faudrait que ces textes parfois peu connus vibrent bien davantage pour embarquer le spectateur dans une véritable redécouverte de Tchekhov. En l’occurrence, on a plutôt l’impression de faire une visite périmée des tiroirs poussiéreux de l’auteur russe dans une théâtralité qui manque singulièrement d’énergie. Le chant du cygne, malheureusement, tourne au cri de mouette.

Eric Demey

A propos de l'événement

Le dernier chant
du mardi 18 avril 2017 au dimanche 7 mai 2017
Théâtre de l'Epée de bois
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France

Théâtre de l’épée de bois, Route du champ de manœuvre, 75012 Paris. Du 18 avril au 7 mai, du mardi au vendredi à 20h30, le samedi à 16h et 20h30, le dimanche à 16h. Tel : 01 48 08 39 74. Durée : 1h10.

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