La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Le Cercle des utopistes anonymes

Le Cercle des utopistes anonymes - Critique sortie Théâtre Paris Le Grand Parquet

Publié le 24 mars 2015 - N° 231

Le chef de troupe Jean-Louis Hourdin réunit Pierre-Jules Billon, Eugène Durif et Stéphanie Marc pour un voyage immobile en musique et en chansons dans les terres flamboyantes de l’utopie.

Comment ce spectacle est-il né ?

Jean-Louis Hourdin : Eugène Durif est venu me voir pour compagnonner sur ce thème que les hommes ont toujours chéri, depuis l’Utopia de More, les inventions de Fourier, et toutes celles d’utopistes anonymes, entre lesquelles nous voyageons sans bouger, mais portés par la beauté d’une pensée simple et ludique, entre citations et commentaires. Eugène Durif et Pierre-Jules Billon campent un couple d’artistes qui cheminent ensemble, entre clowns et pèlerins. Ils invitent une actrice formidable, Stéphanie Marc, sorte d’égérie de l’utopie, qui fout un bordel fantastique dans leur drôle de voyage.

Qu’est-ce que l’utopie, selon vous ?

J.-L. H. : Peut-être de devenir et d’être ce que nous ne sommes jamais suffisamment assez, c’est-à-dire des humains. L’utopie, c’est réactiver une chose que les hommes ont inventée et qu’ils n’ont pas actualisée. La faute aux hommes, sans doute, qui sont plus compliqués que leurs intentions, mais qui demeurent toujours en appétit de départ, malgré la lourdeur de ce qui semble l’empêcher et qu’on nous fait prendre pour une fatalité. Ces trois-là constituent une petite communauté de résistance qui ne veut pas rester inhumaine. Il y a une tendresse inouïe chez ces trois petits humains qui résistent. Le spectacle a l’air léger, il n’est pas revendicatif ni sermonneur avec le poing levé, mais il palpite d’une agitation fraternelle, douce, tendre, et amicale. « On ne se laissera pas avoir », semblent dire ces trois-là : et il y a quelque chose de touchant dans cette fidélité à soi, chez ces combattants de l’ombre qui croient aux pouvoirs de la culture et du poème pour éviter la tragédie qui vient.

Depuis quand connaissez-vous Eugène Durif ?

J.-L. H. : Ça date d’un spectacle à Théâtre Ouvert, en 1985 ! Depuis, je suis son chemin particulier, qui est celui de la fragilité des hommes, de leur marche chaotique, cahotante, mais tenue par cette envie d’être fidèle à soi-même, même en claudiquant ! Eugène est de ceux qui se tiennent debout. Il fait confiance à ceux qui n’ont pas la parole ; il est le représentant des muets, des précaires, des sans voix, et connaît, comme eux, l’obligation de se tenir la main, dans la fraternité avec ceux qui ont existé et ceux qui viendront après nous. Puisque la fraternité a existé, puisqu’elle existe encore, même dans la crainte, il faut la réanimer. Eugène est au centre de cette résistance, non pas tonitruante, mais dans le secret de l’intimité fragile. Il faut danser sur le malheur : non pas se laisser prendre au piège de la nostalgie et de la tristesse, mais se mettre en groupe dans le compagnonnage amical, entre poésie, musique et humanité.

Propos recueillis par Catherine Robert

Le Grand Parquet, 35, rue d’Aubervilliers, 75018 Paris. Du 9 avril au 3 mai 2015. Du jeudi au samedi à 20h et le dimanche à 15h. Tél. : 01 40 05 01 50.

 

 

A propos de l'événement

Le Cercle des utopistes anonymes
du jeudi 9 avril 2015 au dimanche 3 mai 2015
Le Grand Parquet
35 Rue d'Aubervilliers, 75018 Paris, France

Du jeudi au samedi à 20h et le dimanche à 15h. Tél. : 01 40 05 01 5

 

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