La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Gros Plan

Le Capital et son Singe

Le Capital et son Singe - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre national de la Colline.
Sylvain Creuzevault et son équipe s’inspirent d’une œuvre monumentale, Le Capital de Marx. CR.DR

Théâtre de la Colline / D’après Karl Marx / mes Sylvain Creuzevault

Publié le 1 septembre 2014 - N° 223

Sylvain Creuzevault et son équipe s’appuient sur Le Capital et mettent en forme leur regard théâtral sur le mode de production capitaliste et l’aliénation sociale. Une « comédie, pure, dure » ! 

Après avoir créé Notre Terreur à partir de la période historique de la Terreur en 1793-1794 – un travail de troupe particulièrement stimulant et d’une rare énergie, visible à la Colline en 2010 -, Sylvain Creuzevault prend appui sur le monumental et percutant Capital de Marx, œuvre majeure dont le livre 1 est publié à Hambourg en 1867. Le metteur en scène souligne : « Le mode de production capitaliste de la vie sociale est à la fois sa propre scène, son propre décor, son propre texte, ses propres acteurs, dont les spectateurs ne peuvent être, d’occasion, spectateurs, que parce qu’ils en sont d’abord les acteurs forcément enrôlés, pris dans les rets d’un texte dont ils ne peuvent être les auteurs, puisque le capitalisme est par essence, un théâtre sans auteur. Karl Marx a passé sa vie à tenter de faire apparaître cette absence : vous conviendrez qu’il n’est pas facile, mesdames et messieurs, de faire apparaître une absence en tant qu’absence sans que sa forme d’apparition par là-même la nie ».

Hypocrisies et illusions

Sur le plateau du théâtre l’idée est d’en rire, d’en faire une farce sans héros, une sorte de farce brute qui ne serait pas ancrée dans un temps donné mais dans cette idée de l’homme irrémédiablement soumis aux rouages impératifs d’une production croissante et toujours plus inventive. Ceux qui sont aux commandes et s’enrichissent, ceux qui produisent et ne s’enrichissent pas, ceux qui consomment, c’est-à-dire tous : toutes sortes d’échanges dans une société marchande fournissent une matière théâtrale infinie, que le metteur en scène et les siens empoignent à bras le corps. Sylvain Creuzevault évite absolument tout didactisme et toute posture moralisante ou analytique pour mettre en œuvre divers conflits, stratégies, paradoxes et autres tourments liés au mode de production capitaliste, qui évidemment englobe toute notre planète. Le théâtre ici débusque les hypocrisies et les illusions qui s’emparent de pauvres petits sujets… La scène peut « se moquer de chacun de nous, et en chacun de nous de cette illusion aimable et primordiale selon laquelle nous serions libres ». Une décapante mise à distance et une incursion salutaire dans une œuvre de très grande envergure.

Agnès Santi

A propos de l'événement

Le Capital et son Singe
du vendredi 5 septembre 2014 au jeudi 6 novembre 2014
Théâtre national de la Colline.
15 Rue Malte Brun, 75020 Paris, France

mardi à 19h30, du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 15h. Tél. : 01 44 62 52 52. La Scène Watteau, Place du Théâtre, 94736 Nogent-sur-Marne cedex. Les 5 et 6 novembre à 20h30. Tél. : 01 48 72 94 94. Dans le cadre du Festival d’Automne.

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