La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Lancelot du Lac

Lancelot du Lac - Critique sortie Théâtre Villeurbanne Théâtre National Populaire
Clément Morinière et Jeanne Cohendy dans Lancelot du Lac. Crédit photo : Franck Beloncle

Région / TNP / d’après le Graal Théâtre, de Jacques Roubaud et Florence Delay / mes Julie Brochen et Christian Schiaretti

Publié le 26 novembre 2014 - N° 227

Les troupes réunies du TNS et du TNP closent le cycle des chevaliers du Graal Théâtre. Les contraintes matérielles interrompent le projet d’adaptation intégrale de cette cathédrale théâtrale qui demeure, comme la Sagrada Família, magnifique en son inachèvement.

Joseph d’Arimathie figurait la crypte mystérieuse de cette cathédrale ; Merlin l’enchanteur était comme sa nef, indiquant à la chevalerie terrestre le sens de la quête vers l’autel du saint ciboire ; Gauvain et le Chevalier Vert et Perceval le Gallois semblaient les deux bras du transept qui croise le vaisseau central ; voici le chœur qui vient achever le cycle des chevaliers dans l’œuvre du Graal Théâtre : Lancelot du Lac. Le chœur, ou plutôt le cœur, celui de Lancelot qui bat pour Guenièvre, la femme d’Arthur, mais aussi pour Galehaut, l’ennemi amadoué. Tout le monde est sous le charme de celui qui devient le « beau doux ami » de la reine : enfin nommé, alors qu’enlevé par la fée Viviane à ses parents, il ignore tout de sa lignée et de son patronyme. Cette pièce, une œuvre en soi qu’on peut voir indépendamment des autres, achève cet ambitieux projet de compagnonnage qui a réuni depuis 2011 le TNP et le TNS, deux troupes, deux équipes et deux metteurs en scène, Julie Brochen et Christian Schiaretti. Le Graal Théâtre, d’abord un défi romanesque, que Jacques Roubaud et Florence Delay, ses deux « scribes » relevèrent haut la main, est une gageure théâtrale que ses ouvriers réalisèrent dans l’unité des talents réunis.

Maintenir la quête au-delà de l’épilogue

Avec Lancelot du Lac, le blanc envahit le plateau et la magie reprend le pouvoir. Après le pourpre et le vert, la pureté éblouissante de celui qui n’est qu’amour – et qu’interprète Clément Morinière avec un talent assuré et une mâle sérénité – calme les ardeurs guerrières des chevaliers. Lancelot séduit tous les héros du cycle : Guenièvre (excellente Jeanne Cohendy), mais aussi Arthur, et surtout le bouillant Galehaut, farouche vainqueur soumis par le vaincu, captus ferum victorem cepit… Horace le suggérait déjà, et le temps viendra peut-être de la continuation de cette œuvre par des maisons qui en auront la force et l’audace : les arts l’emportent toujours sur les armes. On retrouve les éléments de décor des précédents spectacles ; on reconnaît aussi les visages devenus familiers de la troupe du Graal ; et, sur les panneaux de bois de l’avant-scène, on découvre le visage et la voix de François Chattot, Merlin des enchantements du verbe, que la magie fait apparaître comme une figure tutélaire malicieuse et bonhomme. « Ecrivez que je suis triste » dit Arthur à la fin, puisque la joie était dans l’élan. Mais le Graal n’est-il pas, finalement, l’autre nom de la quête ? Si tel est le cas, reste alors à la reprendre, encore et toujours…

 

Catherine Robert

A propos de l'événement

Lancelot du Lac
du jeudi 11 décembre 2014 au dimanche 21 décembre 2014
Théâtre National Populaire
8 Place du Docteur Lazare Goujon, 69100 Villeurbanne, France

Du mardi au samedi, à 20h et le dimanche, à 16h. Tél. : 04 78 03 30 00. Spectacle vu au TNS. Durée : 2h.

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