La Terrasse

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Théâtre - Entretien

La Trilogie du Revoir

La Trilogie du Revoir - Critique sortie Théâtre Sceaux Les Gémeaux
Le comédien et metteur en scène Benjamin Porée. Crédit : Benoît Jeannot

Les Gémeaux / de Botho Strauss / mes Benjamin Porée

Publié le 22 février 2016 - N° 241

Le jeune metteur en scène Benjamin Porée, après son Platonov très remarqué, trouve dans La Trilogie du revoir de Botho Strauss l’opportunité d’une nouvelle aventure scénique animée par un esprit de troupe. 

Comment ce projet est-il né   ?

 Benjamin Porée   : Au cours Florent, j’ai beaucoup lu les écrits de Claude Régy sur le théâtre et je m’intéressais aux pièces qu’il avait montées. Il se trouve que La Trilogie du revoir en fait partie, Claude Régy étant celui qui, avec cette œuvre, fait découvrir Botho Strauss au public français à la fin des années 70. N’étant pas encore né, je n’ai pas pu voir sa mise en scène mais j’ai lu la pièce. Depuis lors, le désir de la monter ne m’a pas quitté, et j’attendais d’avoir l’opportunité de pouvoir le faire. L’occasion a failli se présenter quand j’étais dans la classe libre du Cours Florent, au moment où j’ai rencontré le groupe de comédiens qui forment aujourd’hui notre compagnie “La musicienne du silence“. Mais elle est restée sur une de mes étagères. Quand Olivier Py m’a proposé de participer à l’édition 2015 du Festival d’Avignon, j’ai tout de suite pensé à La Trilogie du revoir. Après Platonov, je voulais poursuivre le travail avec cette troupe, qui pendant trois ans m’a beaucoup donné. J’aime travailler avec de nombreux acteurs même si cela est devenu très difficile en production. Il faut rester lucide face aux problèmes économiques que nous rencontrons aujourd’hui, mais il faut aussi ne pas devenir amer, cynique. Il faut continuer à faire des propositions qui requièrent, comme c’est le cas pour La Trilogie du revoir, seize comédiens sur le plateau. C’est un pari artistique et politique.

 « La question de la représentation est au cœur de l’œuvre, ouvrant une réflexion sur les images et sur l’image de soi. »

 Qu’est-ce qui vous séduit particulièrement dans cette œuvre ?

 B. P. : Cette pièce a quelque chose de très complet. C’est rare. Elle donne au spectateur une place très active, celle d’un regardant qui se voit dans une espèce de mise en abyme théâtrale. La question de la représentation est au cœur de l’œuvre, ouvrant une réflexion sur les images et sur l’image de soi. C’est une pièce profonde dont les thèmes résonnent particulièrement aujourd’hui. Pour ces  individus réunis dans un musée pour découvrir en avant-première une exposition – le lieu choisi n’est pas anodin -, elle pose la question de l’idéal de vie face à une réalité soumise à un héritage perverti et tributaire de la toute puissance de l’économie. Nous sommes comme les personnages de la pièce dans cette même crise, née au milieu des années soixante-dix, dont nous ne voyons toujours pas l’issue. La langue de Strauss, très cinématographique, vivante, concrète et en même temps très subtile, très nuancée, très intelligente, m’intéresse particulièrement.   

 Quels sont les grands axes de votre mise en scène   ?

 B.-P: De nouveaux choix dramaturgiques s’imposent à chaque nouvelle mise en scène, et La Trilogie du revoir me permet notamment de travailler sur l’humour, un ressort dramaturgique sur lequel je me suis jusqu’ici peu appuyé. Nous avons aussi fait un gros travail avec les comédiens sur le hors-champ. Cette pièce est un tableau vivant qui se compose et se décompose en temps réel. Sur le plan scénographique, nous avons choisi un décor très pur, très harmonieux et contemporain.

Propos recueillis par Marie-Emmanuelle Galfré

A propos de l'événement

La Trilogie du Revoir
du mercredi 9 mars 2016 au dimanche 20 mars 2016
Les Gémeaux
49 Avenue Georges Clemenceau, 92330 Sceaux, France

à 20h45, relâche les 14 et 15 mars. Tél : 01 46 61 36 67.

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