La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

LA DANSE DU DIABLE

LA DANSE DU DIABLE - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de l’Athénée
Philippe Caubère reprend La Danse du diable. Crédit photo : Michèle Laurent.

Reprise / Théâtre de l’Athénée / de et avec Philippe Caubère

Publié le 30 août 2016 - N° 246

Plus de trente ans après sa création, Philippe Caubère reprend La Danse du Diable, matrice de son autofiction théâtrale. Il prouve une nouvelle fois sa puissance scénique et son génie interprétatif.

Onze épisodes pour Le Roman d’un acteur, huit pièces en quatre volets pour L’Homme qui danse : au regard du long marathon théâtral qui en est né, La Danse du Diable apparaît comme un résumé des aventures de Ferdinand. On y retrouve la mère et sa femme de ménage, le général de Gaulle, Mauriac et Sartre, le concert de Johnny au parc Borély à Marseille, la frangine, les copains, la prof de théâtre hallucinée et son chouchou, Bruno Gaillardini, Georges, le régisseur fou, Soljenitsyne, alias « Souliounoutchine », le PC contre le PS, incarnés dans la lutte pagnolesque entre François Billoux et Gaston Deferre. Ariane, la mère nourricière, n’y est pas, mais toutes les mamelles imaginaires et fantasmatiques qu’a tétées le jeune Caubère sont là, et le retour à la jouvence provençale lui réussit à merveille. Le comédien est au sommet de son art, aux limites, parfois, du cabotinage, mais sincère, enthousiaste et éblouissant.

Claudine, encore et toujours…

D’un geste, en une seconde, en un changement de ton, il incarne tous les membres de ce chœur délirant. La scène de la chambre où le jeune Ferdinand convoque ses héros politiques et littéraires est à cet égard un impressionnant morceau de bravoure. On peine davantage avec les cours de théâtre de Micheline Galiard – peut-être parce que la figure de Mnouchkine apparaît en filigrane et que Philippe Caubère a atteint des sommets de drôlerie dans les spectacles où il racontait les aventures du Théâtre du Soleil. Mais demeure, en majesté, Claudine Gautier, la mère tyrannique et impitoyable, aux saillies d’une efficacité comique inentamée. Ses remarques fielleuses et faussement naïves sur les contradictions du communisme, son étonnement de découvrir que Madame Colomer est une rouge – espagnole et femme de ménage, Claudine comprend, mais admet plus difficilement qu’un fils de bourgeois comme le sien le devienne – sont génialement désopilants. Dans l’incarnation de cette femme qu’il joue aujourd’hui, alors qu’il a dépassé l’âge qu’elle avait quand elle est morte, Caubère sait moduler son art, et passe avec une aisance sidérante du rire aux larmes. L’entreprise était titanesque, la reprise de sa pièce inaugurale est jubilatoire, et Philippe Caubère irradie, en comédien solaire.

Catherine Robert

A propos de l'événement

LA DANSE DU DIABLE
du mardi 11 octobre 2016 au dimanche 20 novembre 2016
Théâtre de l’Athénée
7 Rue Boudreau, 75009 Paris-9E-Arrondissement, France

mercredi, vendredi et samedi à 20h, mardi à 19h, dimanche à 16h. Tél : 01 53 05 19 19. Durée : 3h20 avec entracte. Spectacle vu au Théâtre de l’Athénée. A voir aussi Bac 68, du 4 octobre au 19 novembre.

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