La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2013 - Gros Plan

La colonie pénitentiaire

La colonie pénitentiaire - Critique sortie Avignon / 2013 Avignon Théâtre au coin de la Lune

Théâtre au coin de la Lune / de Franz Kafka / mes Laurent Caruana

Publié le 26 juin 2013 - N° 211

André Salzet interprète la nouvelle de Kafka avec une remarquable précision, ironique, cinglante et subtile. 

« La littérature : un coup de hache dans la mer gelée qui est en nous. » Ainsi parle Kafka dans une lettre à son ami Oskar Pollak en 1904. L’oeuvre de Kafka met en branle un univers absurde, implacable et grotesque, et son imaginaire dit avec acuité les maux et les coups tordus d’un pouvoir ne doutant jamais de ses décisions, fussent-elles d’une extrême cruauté. Achevée en 1914, publiée cinq ans plus tard, La colonie pénitentiaire, adaptée par André Salzet, a pour centre d’intérêt une machine à exécuter les condamnés. Une machine monstrueuse constituée en trois parties : en bas, le lit, en haut, la dessinatrice, et entre les deux, la herse, qui tatoue sur la peau nue du condamné l’article de loi qu’il a enfreint, avant de l’embrocher à la douzième heure. Le condamné quant à lui ne connaît pas la sentence ni les raisons de sa condamnation, et il n’a pas eu l’occasion de se défendre. André Salzet, seul en scène, donne vie aux personnages avec une remarquable précision, ironique,  cinglante et subtile, laissant le texte respirer et résonner dans l’esprit du spectateur.

Zèle béat de l’officier

Au début de la pièce, on découvre le comédien, écrivain à son bureau s’échinant à trouver le mot juste, en pleine ardeur créatrice, ardeur laborieuse et exclusive. Puis il interprète l’officier, qui admire sans réserve la perfection pourtant défaillante de cette belle justice matérialisée, et un visiteur, effaré tant par la machine que par le zèle béat de l’officier. Cet officier aimerait que le visiteur intervienne auprès du nouveau commandant de la colonie, moins enthousiaste que le précédent, pour qu’il confirme le bien fondé de ces exécutions, mais cela ne va pas de soi… L’atmosphère cauchemardesque est par instants pimentée par la subversion de l’humour. Le jeu du comédien entre l’officier, le visiteur et le narrateur captive le spectateur, et donne sa juste mesure à une œuvre visionnaire qui dit la tension entre l’effrayante mécanique totalitaire, au pouvoir absolu, et l’irruption de l’humain au cœur de cet univers.

Agnès Santi

A propos de l'événement

La colonie pénitentiaire
du samedi 6 juillet 2013 au mercredi 31 juillet 2013
Théâtre au coin de la Lune
24 rue Buffon, 84000 Avignon

Avignon Off. Théâtre au coin de la Lune, 24 rue Buffon. Du 6 Au 31 juillet  à 11h20. Tél : 04 90 39 87 29.
x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur Avignon

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur Avignon en Scènes