La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Kroum

Kroum - Critique sortie Théâtre saint denis TGP-CDN de Saint-Denis
Jean Bellorini © Guillaume Chapeleau

T G P – CDN de Saint-Denis / de Hanokh Levin / mes Jean Bellorini

Publié le 20 décembre 2017 - N° 261

Dans le parcours de Jean Bellorini, la littérature russe occupe une place centrale. Avec la troupe du Théâtre Alexandrinski de Saint-Pétersbourg, il choisit toutefois de travailler sur un texte aussi étranger à cette culture qu’à la sienne : Kroum l’ectoplasme de l’auteur israélien Hanokh Levin.

Depuis votre mise en scène de La Mouette de Tchekhov (2003) jusqu’à votre Karamazov d’après Dostoïevski (2016), en passant par Le Suicidé de Nicolaï Erdman (2016), vous avez abordé la culture russe avec des comédiens français. Pourquoi collaborer aujourd’hui avec le Théâtre Alexandrinski ?

Jean Bellorini : Il y a quelques saisons, j’ai rencontré Patrick Sommier qui œuvre avec son association L’Art des Nations fondée en 2015 à créer des échanges entre la France, la Russie et la Chine. J’ai grâce à lui pu échanger avec Valéry Fokine, directeur du Théâtre Alexandrinski de Saint-Pétersbourg, le plus vieux théâtre de Russie. Dans une perspective de renouveau des traditions, de nombreux metteurs en scène européens ont déjà été invités à travailler avec la troupe du théâtre, mais jamais encore de Français. Une collaboration m’a alors été proposée, que j’ai acceptée par désir de me confronter à d’autres pratiques et dans le cadre de mon projet à la tête du TGP, que je veux ancrer dans le territoire le plus proche mais aussi ouvrir au lointain.

Le choix de Kroum l’ectoplasme de Hanokh Levin va aussi dans le sens de cette ouverture…

J.B : En effet. Et surtout, en plaçant les comédiens comme moi-même en situation d’étrangers, il permet une véritable rencontre entre nos deux cultures de théâtre très différentes. Fable très simple dont le personnage éponyme rentre chez lui après un séjour en Occident où il a échoué à faire fortune, Kroum est aussi loin de l’héroïsme à la russe que de l’héroïsme à la française.

« L’humour de Hanokh Levin a constitué un pont entre Russes et Français. »

Avez-vous décidé d’ancrer votre mise en scène dans un contexte israélien ?

J.B : La question s’est posée de savoir s’il fallait travailler sur le folklore juif. Mais, la pièce n’étant pas clairement située sur le plan géographique, j’ai pris une autre direction, très universelle, comme l’humour de Hanokh Levin qui a constitué un pont entre Russes et Français dans ce projet. Nous nous sommes aussi beaucoup inspirés de la comédie italienne pour porter l’histoire du anti-héros de la pièce.

Pour Le Suicidé, vous avez travaillé avec les comédiens du Berliner Ensemble. Cette expérience de l’écart est-elle proche pour vous de celle de Kroum ?

J.B : Les pratiques françaises sont beaucoup plus proches des usages allemands que des russes. Chez les comédiens du Théâtre Alexandrinski, qui cultivent l’excellence historique de leur institution et que l’on a très rarement vus sur nos scènes, j’ai découvert une immédiateté dans l’investissement qui n’existe pas en France, où l’on a peut-être une approche plus cérébrale et distanciée du théâtre. Cette différence de fond a rendu le partage d’autant plus passionnant. Il doit beaucoup à Macha Zonina, qui en tant qu’interprète a apporté son regard à cette création.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Kroum
du jeudi 18 janvier 2018 au dimanche 28 janvier 2018
TGP-CDN de Saint-Denis
59 Boulevard Jules Guesde, 93200 Saint-Denis, France

Du lundi au samedi à 20h, le dimanche à 15h30. Relâche le mardi. Durée estimée : 1h50. Tel : 01 48 13 70 00. www.theatregerardphilipe.com

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