La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Joël Gunzburger

Joël Gunzburger - Critique sortie Théâtre
Crédit visuel : Thomas Itty photo : Joël Gunzburger

Publié le 10 mars 2008

Première édition du festival Trans(e)

Directeur de La Filature – Scène nationale de Mulhouse depuis 2006, Joël Gunzburger donne naissance à un festival pluridisciplinaire dédié à l’expression artistique allemande, française et suisse.

Comment est née l’idée de ce festival transversal et transfrontalier ?

Joël Gunzburger
: Lorsque j’ai été nommé à la direction de La Filature, j’ai très vite réalisé que Mulhouse inscrivait de façon très profonde sa situation géographique — entre l’Allemagne, la Suisse et la France — dans son identité. Cette ville revendique culturellement, économiquement et politiquement cette caractéristique, ce qui n’est pas le cas de toutes les cités transfrontalières. J’ai donc eu assez naturellement envie de créer un rendez-vous qui permettrait à La Filature d’inviter des créateurs pouvant rendre compte du paysage artistique de La France, de la Suisse et de L’Allemagne, trois pays qui partagent chacun deux frontières avec les autres.
 
Quels domaines artistiques la multidisciplinarité du festival Trans(e) a-t-elle vocation à investir ?

J. G.
: Notre programmation souhaite présenter l’ensemble des formes artistiques qui vont de l’expression théâtrale pure à l’expression chorégraphique pure. Avec, entre ces deux disciplines, toutes les propositions qui, à divers degrés, mêlent l’art dramatique et l’art chorégraphique. Sans oublier les formes musicales, les arts plastiques et photographiques, ainsi que tous les arts des multimédias…
 
« Je me suis toujours senti très bien à la frontière de plusieurs cultures. »
 
Qu’est-ce qui vous lie à ces notions de “transfrontalièrité” et de transversalité artistique ?

J. G.
: Mon histoire personnelle et mes goûts. Je suis né à Strasbourg, une ville à la croisée des chemins, j’ai vécu à Bruxelles, une autre capitale européenne… Le fait d’évoluer ainsi au sein de ces réalités cosmopolites m’a permis, je crois, de me construire de façon profondément transculturelle. Je me suis toujours senti très bien à la frontière de plusieurs cultures, dans cet éveil permanent à la différence, dans cette perméabilité quotidienne, cette ouverture sur l’autre. Quant à la transdisciplinarité, elle me tient à cœur depuis très longtemps. Or, je fais mon métier sans jamais renier mes goûts personnels. Pour moi, il était donc important que ce nouveau festival puisse se définir comme un festival du métissage artistique.
 
Quels sont les principaux rendez-vous de cette première édition ?

J. G.
: Christoph Marthaler ouvrira le festival avec sa mise en scène de Légendes de la forêt viennoise de Ödön von Horváth. Viendront ensuite les artistes suisses Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot avec Gaff Aff, un spectacle mêlant mime, musique et danse. Georges Gagneré — artiste associé à La Filature — et Tom Mays créeront, à partir de réalisations de la cinéaste allemande Lotte Reiniger, un ciné-concert intitulé Les films d’ombres et de silhouettes.La compagnie berlinoise Nico and the Navigators et l’ensemble instrumental tyrolien Franui présenteront, quant à eux, Wo du nicht bist, un spectacle au cours duquel des comédiens, des chanteurs et des danseurs interrogent l’idée du bonheur. Enfin, l’artiste allemande Eva Meyer-Keller dévoilera son Death is certain, un spectacle tous publics à partir de 5 ans qui, entre le body art et la féerie sombre des contes de fées, propose d’assister à l’assassinat de cerises…
 
Le festival Trans(e) sera également l’occasion d’assister à des installations multimédias…

J. G.
: Oui, le public pourra s’immerger dans trois œuvres monumentales de Jean-Michel Bruyère / LFK-lafabriks, ainsi que dans une installation sonore et visuelle de Cécile Babiole — artiste associée à La Filature. Enfin, des œuvres seront présentées par sept jeunes photographes, anciens élèves de Thomas Ruff à l’Ecole des Beaux-Arts de Düsseldorf, et par Le Quai, l’Ecole supérieure d’art de Mulhouse. A travers des rendez-vous artistiques aussi différents, j’ai voulu créer un moment dynamique, festif, singulier, un moment d’effervescence grâce auquel le public et les artistes pourront se croiser, échanger, partager…
 
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


Festival Trans(e). Du 25 au 30 mars 2008. La Filature, Scène nationale de Mulhouse, 20, allée Nathan Katz, 68090 Mulhouse. Informations et réservations au 03 89 36 28 28 et sur www.lafilature.org

A propos de l'événement


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