Initio [LIVE]

Vous présentez Initio [LIVE] à Chaillot, après en avoir donné une première mouture au Théâtre de la Cité Internationale l’an dernier. Quels sont les changements opérés ?

Tatiana Julien : En fait, c’est une nouvelle création. Nous avons conservé le même titre, mais le spectacle est totalement différent de celui qui a été présenté l’an dernier au Théâtre de la Cité Internationale.

Qu’est-ce qu’un « opéra chorégraphique » ?

T.J. : C’est une pièce qui réunit un orchestre de chambre de six musiciens de l’Ensemble Le Balcon, dirigés par Maxime Pascal, deux chanteurs, et le chœur Calligramme, qui réunit une vingtaine d’amateurs et toujours nos cinq danseurs. La première version nous a conduits, Maxime Pascal, le compositeur Pedro Garcia-Velasquez et moi-même, à une réflexion sur ce que pourrait être un opéra chorégraphique et quel livret ou quel type de narration il pourrait porter. Nous avons donc réécrit le livret initial de façon à laisser la place aux trois langages différents que sont la musique, le texte et la danse, tout en évitant l’effet de redondance. Un opéra, ce sont des personnages qui interagissent entre eux. Nous nous sommes beaucoup attardés sur les intentions, les didascalies liées à mon propos chorégraphique, qui doit avoir autant de sens que ce qui est chanté, car les personnages muets que sont les danseurs doivent aussi porter leur histoire dans le livret. Du coup, Initio [LIVE] ressemble davantage à une rêverie poétique.

« Le récit prend la forme d’un spectacle total qui s’inspire des origines du théâtre. »

Qu’est-ce que ça raconte ?

T. J. : Construite comme un voyage initiatique, la partition tend à nous raconter l’histoire d’une humanité en déshérence par le biais d’une communauté allégorique. Le monde est représenté par le chœur qui, dans la tradition antique, représente la voix du peuple. De cette humanité grouillante, les chanteurs et les danseurs s’extraient pour trouver un apaisement, pour initier une danse de la prière ou du recueillement, une danse suspendue. Le deuxième acte se déploie dans le monde des musiciens. La chanteuse Léa Trommenschlager et moi-même partageons le rôle de La Sybille qui nous projette dans l’univers des artistes. Le récit prend la forme d’un spectacle total qui s’inspire des origines du théâtre. Il y a comme une mise en abyme, dans la mesure où, pour fuir le monde, le petit groupe se retrouve sur le plateau, donc au même endroit, mais avec la connaissance qu’il est possible de transformer le monde grâce au théâtre.

Comment intervient le texte d’Alexandre Salcède ?

T. J. : Le texte est chanté. Nous avons pris le parti de ne pas surtitrer, car nous pensons qu’il s’agit d’abord de se laisser porter par le spectacle. Par contre nous allons distribuer le livret aux spectateurs qui pourront en prendre connaissance s’ils le souhaitent.

Propos recueillis par Agnès Izrine