La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2017 - Gros Plan

I feel good

I feel good - Critique sortie Avignon / 2017 Avignon Avignon Off. Théâtre des Halles
Crédit photo : Marie-Clémence David Légende photo : Aude Léger et Pascal Reverte dans I feel good.

Théâtre des Halles / de Pascal Reverte / mes Vincent Reverte

Publié le 25 juin 2017 - N° 256

Pascal Reverte et Aude Léger se font voyageurs immobiles dans l’antichambre de la mort et interprètent avec talent, vérité et pudeur, une ode à la vie intelligente, pétillante et poignante.

Comédie sous morphine, hommage à l’escarpin, histoire d’amour avec une fouine, éloge du rugby ou illustration de la pugnacité pince-sans-rire de ceux qui savent que la résistance est une question d’élégance : difficile de définir le dialogue entre l’homme à l’agonie et la fille de Semur, que campent Pascal Reverte et Aude Léger. Le temps d’un bref évanouissement de vingt-neuf secondes dans un service de réanimation, le pancréas en alerte et le cerveau en émoi, un homme tâche de recomposer son histoire… Il croise une femme qui vient de fracasser sa jeunesse dans un accident de voiture. Elle, alerte et vibrante, va de la vie à la mort ; lui, fourbu mais truculent, revient des Enfers. Comme Orphée et Eurydice, ils sont ensemble dans la seconde qui les sépare : ensemble, certes, mais déjà séparés. Le lieu qui les réunit est l’hôpital, parfaite hétérotopie pour reprendre le concept forgé par Michel Foucault : un espace concret qui héberge l’imaginaire, comme une cabane d’enfant ou un théâtre, et qui est aussi une hétérochronie, en rupture avec le temps réel.

Théâtre de l’expérience littéraire

La maladie est une suspension et l’accident est une rupture : il ne reste à leurs victimes que la force du langage pour rassembler les parties disloquées de leur corps douloureux. On comprend alors pourquoi Pascal Reverte a choisi d’appeler son héroïne « la fille de Semur », en hommage à Jorge Semprún. Le monde concentrationnaire est celui de l’hypertrophie de l’instant et sa discontinuité radicale impose que son récit soit lui aussi discontinu. C’est ce que Semprún appelle « l’expérience littéraire », qui est une expérience du chaos. Pascal Reverte réussit brillamment à la reproduire dans ce texte, qui excède le récit de l’expérience hospitalière. La mise en scène de Vincent Reverte, précise et rythmée, aménage l’occupation de l’espace scénique en fonction de l’hétérochronie du récit : entrée et sortie, déplacements et gestuelle offrent les conditions d’un pas de deux que les deux comédiens exécutent avec brio.

 

Catherine Robert

A propos de l'événement

I feel good
du jeudi 6 juillet 2017 au samedi 29 juillet 2017
Avignon Off. Théâtre des Halles
Rue du Roi René, 84000 Avignon, France

à 19h30, relâche les lundis. Tél : 04 90 85 52 57.

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