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Que les artistes envahissent les écoles !

Que les artistes envahissent les écoles ! - Critique sortie
© D. R.

Publié le 10 octobre 2009

Formée chez Fratellini, Agathe Olivier est la co-fondatrice des Colporteurs avec Antoine Rigot. Elle lie aujourd’hui création et transmission en intervenant dans différentes écoles, dont celle qui a fait d’elle une spécialiste du fil.

Comment êtes-vous venue au cirque ?
Agathe Olivier : J’ai étudié l’architecture et je jouais dans une fanfare féminine. C’est elle qui m’a emmenée vers le spectacle, et je suis entrée à l’école d’Annie Fratellini. Là, je me suis entraînée au fil toute seule. Il m’a complètement accaparée.  Antoine Rigot y jouait comme clown de piste. Je lui ai appris à marcher sur le fil et on a décidé ensuite de monter un numéro de fil. En fait, on a beaucoup appris en travaillant ensemble ! Ensuite nous avons participé à la création du Cirque du Soleil, de la Volière Dromesko, remporté le Grand Prix National du Cirque, et, depuis quatorze ans, c’est l’aventure des Colporteurs…

« La transmission a été vraiment une question de maturité. »

Comment devient-on pédagogue ? Que transmettez-vous à l’Académie Fratellini ?
A. O. :
Pour ma part, la transmission a été vraiment une question de maturité, liée à un parcours artistique. Je travaille essentiellement sur la technique, jamais en groupe mais avec une personne. En fonction de son corps, de sa technique, de ses capacités, j’élabore mon enseignement. Je pars de l’élève pour le faire progresser, pour proposer du vocabulaire, revoir des techniques, au cas par cas.

Votre enseignement est-il relié à votre travail de création ?
A. O.  :
Oui. J’enseigne la danse sur le fil, les sauts, et je conduis mes étudiants vers un travail à plusieurs sur le fil. C’est une spécificité que nous avons développée dans notre spectacle Le Fil sous le Neige. Mais à l’Académie, je n’ai pas de créneaux pour les faire travailler sur l’improvisation. Ils ont d’autres intervenants pour la mise en scène, la danse… La formation en cirque passe par ailleurs par des stages que les élèves recherchent par eux-mêmes selon leurs souhaits. En Ardèche à la Cascade, où les Colporteurs sont associés, nous proposons des stages, et je travaille avec les étudiants sur les techniques d’improvisation que nous utilisons pour nos spectacles.

Le fait que l’Académie ait une vraie histoire liée à Annie Fratellini, est-ce un poids ou un avantage ?
A. O. :
Un avantage ! Je trouve que le modèle d’Annie Fratellini a été très formateur car elle accueillait des artistes de cirque traditionnel dans son école : on les voyait s’entraîner, on avait donc un rapport avec le métier en plus de nos cours. Et elle avait ce spectacle d’école avec montage de chapiteau, construction du matériel, vie en tournée… C’est le même esprit aujourd’hui grâce aux artistes en résidence et c’est un vrai plus pédagogiquement quand ils sont en répétition. Je défends vraiment le fait que les artistes envahissent les écoles. A l’Académie, le spectacle d’école mélange des artistes professionnels et des apprentis, ce qui la distingue du CNAC par exemple, où les étudiants sont au service d’un metteur en scène. Le CNAC défend plutôt la notion d’interprète, alors que l’Académie Fratellini met en valeur la personnalité de l’apprenti et sa technique.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

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