La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La formation théâtrale en France

Provocateur de rêve et de mouvement

Provocateur de rêve et de mouvement - Critique sortie

Publié le 10 mars 2011

« Tes éducateurs ne sauraient être autre chose pour toi que tes
libérateurs. »
, dit Nietzsche à la jeune âme. Ainsi pourrait être résumé
l’esprit de la pédagogie de ce professeur atypique qu?est Ariel Garcia Valdès à
l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier.


Quelle a été votre formation ?

Ariel Garcia Valdès : Je n?ai jamais fait d’école et ça a été une
grande chance. Je me suis construit avec les amis qui étaient autour de moi à
Grenoble. La seule chose que j’ai faite, ce sont des stages jeunesse et sports :
deux fois un mois dans ma vie, j’ai suivi des cours de théâtre. Et encore? Les
profs, qui venaient de chez Lecoq, nous faisaient bosser en nous regardant faire
la plupart du temps : ça a été pour nous une formidable occasion d’expression.
Ce sont des moments comme ceux-là qui, l’air de rien, cristallisent des choses.
Je suis d’un moment de l’Histoire où l’on s’en fichait de faire carrière : la
musique, le jazz, le rock, le cinéma nous intéressaient énormément, et je suis
toujours persuadé qu’il est essentiel d’aérer, de détourner le théâtre de sa
fonction, de le nourrir d’autre chose. Les copains m’ont guidé, ainsi qu’un prof
qui m’a obligé à aller au Conservatoire alors que, viré de l’école, je passais
mes journées à lire des livres aux arbres. Ma formation, c’est ça : les amis et
les arbres.

« J’essaie de déformer et non de former, de susciter de l’énergie sans
formater. Etre acteur, c’est un éternel inachèvement, un éternel recommencement
. »

Quel genre de formateur êtes-vous ?

A. G. V. : En tant qu’acteur, j’ai tout appris tout seul. L’acteur doit
visualiser ce qu’il fait et arriver à le fixer. Le problème du théâtre c’est
d’apprendre à refaire. Je me suis moi-même inventé des techniques personnelles
jusqu’à repérer ce qui me convenait le mieux. C’est pour cela que plutôt qu’un
formateur, je suis un type qui aide, qui provoque. J’essaie de déformer et non
de former, de susciter de l’énergie sans formater. Etre acteur, c’est un éternel
inachèvement, un éternel recommencement. Quand les élèves sortent de Montpellier
après trois ans, je leur dis bien qu’ils ne sont pas comédiens : ils sont
seulement détenteurs d’outils qu’il leur faudra rêver.

Quelles relations entretenez-vous avec les élèves ?

A. G. V. : Montpellier est une école dont les élèves sont les patrons, ce
qui les contraint à être des lanceurs d’idées toujours sur le qui-vive. Cette
école est un laboratoire de dérapages, d’erreurs, une école un peu bordélique où
le travail est très rigoureux mais où l’on s’amuse. On y présente et on y
travaille les techniques comme ailleurs, mais j’essaie avec eux de rêver les
exercices. Ce qui est intéressant dans l’exercice, c’est d’y faire surgir la
poésie. Et puis, contrairement à toutes les écoles qui sont des lieux
d’enfermement, les élèves peuvent sortir, revenir. Je ne crois pas que c’est en
étant tout le temps dans le théâtre qu’on fait le mieux du théâtre car le
théâtre, c’est du mouvement, du pillage, de l’éclair. Je ne suis pas un maître,
je mets plutôt des grenades.

Propos recueillis par Catherine Robert

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