La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La saison classique en France - 2009

Pluridisciplinarité territoriale

Pluridisciplinarité territoriale - Critique sortie

Publié le 2 octobre 2009

« En temps de crise, l’adhésion franche du public aux programmations culturelles renforce une évidence, celle que l’art est un des ultimes espaces de liberté, d’ouverture et de respiration de nos sociétés. »

Quelle est la « marque de fabrique » de votre Festival ?
Benoît André : Ce sont la pluridisciplinarité et une forte dimension territoriale qui caractérisent Automne en Normandie : théâtre, musique et danse – avec des incursions régulières vers d’autres disciplines telles que le cirque, les arts plastiques, les arts de la rue – se côtoient, se mêlent ou se confrontent pendant un festival qui, cinq semaines durant, irrigue toute la Région Haute-Normandie. Ces deux atouts favorisent une programmation riche et diversifiée, ouverte à tous, faisant dialoguer grand répertoire et création contemporaine, grands artistes internationaux et jeunes créateurs. Le Festival offre ainsi chaque année un vaste panorama du spectacle vivant, privilégiant les créations interdisciplinaires, avec pour ambition d’abattre les frontières – celles qui cloisonnent théâtre, musique et danse, culture populaire et culture savante – et d’inviter son public à des rendez-vous exceptionnels avec les grands créateurs d’aujourd’hui. Festival nomade, Automne en Normandie invite son public à voyager dans le territoire en collaborant avec les lieux de création et de diffusion de la Région, dans une logique partenariale forte, et en investissant également des lieux du patrimoine architectural et industriel. La programmation est doublée d’un programme d’action culturelle ambitieux en direction notamment des élèves des collèges et lycées de la Région.
 
Quels sont vos projets pour la prochaine édition ?
B.A. : Nous inviterons le public à parcourir tout un paysage chorégraphique allemand autour de la figure emblématique de Pina Bausch – dont nous présenterons les versions junior et senior de Kontakthof –, de Susanne Linke et de jeunes chorégraphes allemands. Nous proposerons six rendez-vous exceptionnels avec le compositeur américain Philip Glass et un cycle consacré à l’univers de William Shakespeare revisité à travers le regard singulier, résolument contemporain, de quatre metteurs en scène – dont Jules César d’Arthur Nauzyciel et King Lear de la compagnie taïwanaise du Legend Contemporary Theatre. En dehors de ces fils rouges qui constitueront le squelette d’Automne en Normandie 2009, nous inaugurerons ce marathon de cinq semaines avec une création exceptionnelle de Bartabas pour l’Abbatiale Saint-Ouen de Rouen. Une « Grande Veillée » enflammera le week-end de la Toussaint en proposant un parcours dans la Ville d’Evreux en compagnie d’artistes qui aborderont chacun le thème de la mémoire des morts, parmi eux Mathilde Monnier, Marie Nimier et Karelle Prugnaud, Didier Ruiz et le Théâtre des Alberts. « À bon port », autre manifestation festive imaginée pour l’agglomération de Dieppe, sera une escale incontournable pour trois jours rythmés par la dernière création du Théâtre du Centaure, et un concert de sirènes composé par la Compagnie Mécanique Vivante dans le port de Dieppe… Tout au long de ce parcours, nous inviterons régulièrement à de nombreux moments d’échange avec les artistes, à des conférences, ateliers de pratiques, répétitions publiques…
 
Quel rôle jouent selon vous les festivals dans la vie culturelle française ?
B.A. : Un festival est une formidable opportunité de découvertes et de surprises ! C’est ce rôle qui revient à Automne en Normandie, dont l’action se doit d’être complémentaire de celles engagées toute l’année par les lieux de diffusion et de création de son territoire. Stimuler la curiosité naturelle du public, inviter celui-ci à explorer de nouveaux territoires, l’amener parfois à prendre des risques, tels sont à mes yeux les enjeux d’un festival qui doit être un moment à part dans la saison. Reflet de cette volonté d’accompagner le public hors des sentiers battus, un festival doit également être un élément moteur de la création et jouer un rôle d’accompagnement et de soutien auprès des artistes, autrement dit, doit accepter de prendre aussi des risques à leurs côtés.
 
Comment voyez-vous l’évolution des festivals dans les prochaines années ?
B.A. : En temps de crise, l’adhésion franche du public aux programmations culturelles renforce une évidence, celle que l’art est un des ultimes espaces de liberté, d’ouverture et de respiration de nos sociétés. A mon sens, les festivals doivent se battre pour continuer à être de fabuleuses fenêtres ouvertes sur la création, sur les artistes en devenir, sur les propositions artistiques innovantes et, de ce fait, jouer pleinement la carte de la complémentarité avec les saisons culturelles. Ce champ privilégié devra être défendu pied à pied dans une période où la pression économique s’imposera probablement de plus en plus durement dans le quotidien du monde culturel. Pour mieux les préserver, il nous appartient donc de cultiver la singularité de ces parenthèses magiques que sont les festivals pour le spectateur. Les enjeux sont là et ils sont passionnants !
 
Propos recueillis par A. Pecqueur

A propos de l'événement


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