La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Les formations artistiques

Ne jamais perdre le désir

Ne jamais perdre le désir - Critique sortie
© Gérard Uféras / Le chef de choeur et musicologue Olivier Schneebeli.

Publié le 10 octobre 2009

À la tête de la Maîtrise du Centre de Musique Baroque de Versailles (CMBV) depuis plus de 20 ans, Olivier Schneebeli est un acteur essentiel du formidable renouveau du chant choral français. Baroqueux de la première heure, il participe à insuffler du sang neuf aux pratiques musicales de notre pays.

Quelles sont les lignes directrices et les particularités des différentes formations proposées à l’École maîtrisienne du CMBV ?
Olivier Schneebeli :
Au sein de la Maîtrise du CMBV, il faut différencier l’enseignement apporté aux Pages (les enfants) de celui dispensé aux Chantres (les adultes). Pour ces derniers, notre but est d’initier aux styles et pratiques spécifiques à l’interprétation de la musique baroque et, plus étroitement encore, de la musique baroque française. Outre les cours individuels de chant et de musique de chambre, les Chantres bénéficient de cours de langues étrangères, de formation musicale, d’ornementation et enfin de déclamation française, moderne et ancienne, ainsi que latine. Des stages d’expression théâtrale, de gestuelle et de danse baroque sont également proposés. La basse continue, la direction de chœur, l’initiation à l’édition musicale des œuvres du passé, sont enseignées en option. La formation des enfants est forcément plus généraliste. Ils bénéficient, dès l’âge de 4 ans, de séances d’éveil musical axées sur le chant choral. Au bout de 3 années, ces jeunes chanteurs rejoignent le chœur des Pages.

« Nos élèves chanteurs sont  constamment confrontés à la réalité de la vie musicale. »

Comment établissez-vous le lien entre formation et vie professionnelle ?
O. S. :
Je reste persuadé que, plus tôt les jeunes musiciens sont confrontés au concert, à la musique vivante, plus vite ils progressent. Avec nos 6 heures hebdomadaires de pratique d’ensemble, complétées par les Jeudis musicaux de la Chapelle royale, les concerts et enregistrements discographiques, nos élèves chanteurs sont  constamment confrontés à la réalité de la vie musicale. C’est cette place importante accordée aux « productions » qui explique, à mes yeux, la réussite de notre projet pédagogique, unique en son genre.

La formation des chanteurs et des instrumentistes évolue de plus en plus vers une spécialisation. Pensez-vous qu’un chœur ou un orchestre deviennent une sorte de formation polyglotte qui piochera, suivant les répertoires à jouer, dans un vivier d’interprètes spécialisés ?
O. S. :
En effet, de plus en plus d’instrumentistes de formation classique s’intéressent à la musique ancienne et à la redécouverte des pratiques interprétatives spécialisées. Et, depuis un certain temps déjà, les chefs de chœur dits « généralistes » constituent leurs équipes de chanteurs en fonction des programmes. Au fur et à mesure que nos connaissances grandissent, il est inévitable qu’elles deviennent toujours plus pointues. Il faut des années et des années d’étude pour se rapprocher d’une « vérité », sans doute de plus en plus précise. Et l’on n’est pas à l’abri de nouvelles découvertes qui viendront ébranler nos certitudes et alimenter nos désirs en chemin. Et c’est bien là l’essentiel : se méfier des certitudes et ne jamais perdre le désir.

Propos recueillis par Sébastien Llinares

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