La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Le Cirque contemporain en France

Le muscle de la relation

Le muscle de la relation - Critique sortie
Crédit : Christophe Billet

Fondation BNP Paribas / Biennale Internationale des Arts du Cirque Provence Alpes Côte d’Azur / Théâtre du Centaure / No Bank / de Camille et Manolo / mes Camille

Publié le 11 novembre 2014

Manolo et Idra, Bertrand Bossard et Akira : quatre moitiés de centaures (deux moitiés humaines, deux moitiés animales) explorent le monde de la finance. C’est No Bank, une nouvelle étape dans la démarche artistique qui anime, à la tête du Théâtre du Centaure, Camille et Manolo.

En quoi le Théâtre du Centaure est-il une utopie ?

Camille et Manolo : Le fondement de notre démarche artistique est de se dire que « 1 + 1 = 1 », que chacun d’entre nous n’existe que dans la relation à l’autre, qu’avec l’autre. Dans cette conception, la vie ne peut naître qu’à partir de deux altérités dont la rencontre en crée une troisième. « Nous » est donc plus fort que « Je ». « Je » est même une erreur linguistique.

Ce qui veut dire que vous n’envisagez ni les chevaux ni les comédiens individuellement…

C. et M. : Non. Nous n’avons pas de chevaux, nous n’utilisons pas ce mot. Nous n’avons que des centaures, c’est-à-dire des moitiés animales et des moitiés humaines qui essaient de s’assembler pour donner corps à une créature hybride.

Quel type de relations s’établit entre les deux moitiés d’un centaure ?

C. et M. : Des relations de grande proximité. On doit travailler tous les jours ensemble, pour développer le muscle de la relation. Finalement, cette utopie est très concrète, très réelle : c’est un corps de 600 kg qui emporte avec lui un corps de 70 kg. Ce corps double dialogue par la caresse, par le corps à corps. Entre les deux moitiés d’un centaure se crée une relation de vie qui ne peut s’inscrire que dans le long terme.

« Entre les deux moitiés d’un centaure se crée une relation de vie. »

Qu’est-ce qui vous a amené, aujourd’hui, à travailler sur le monde de la finance ?

C. et M. : Les enjeux du monde de l’argent sont des enjeux très forts. On en parle beaucoup, mais il y a des choses à dire que l’on n’entend pas. Nous avons eu envie de réfléchir à tout ça, d’interroger toutes ces questions. Et puis, nous avons voulu nous intéresser aux traders, à tous ces golden boys, ces serial winners à qui on a dit de foncer, et qu’ils étaient libres. Finalement, et paradoxalement, nous les trouvons passionnants. Ils ont quelque chose de complètement insupportable, et en même temps, quelque chose de jubilatoire dans leur excitation instinctive.

C’est leur instinct qui vous intéresse ?

C. et M. : Oui. Nous sommes entrés dans un monde où l’échelle d’action est la milliseconde. La seule chose qui sans doute compte, à cette vitesse-là, c’est l’instinct. Nous avons donc essayé d’imaginer ce qui pourrait se passer si l’économie mondiale était régie par un comportement complètement organique, animal, instinctif…

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

No Bank
du mercredi 4 février 2015 au dimanche 15 février 2015


Théâtre du Centaure, chapiteau. relâche les 9 et 10 février. Tél : 04 91 25 38 10.

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