La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La formation théâtrale en France

La transmission d’un ?savoir évoluer?

La transmission d’un ?savoir évoluer? - Critique sortie

Publié le 10 mars 2011

En prenant la direction du Théâtre du Nord, en 1998, Stuart Seide a mis un
terme à ses cours au sein du Conservatoire national supérieur d’art dramatique.
Ce passionné de la formation a retrouvé son « bonheur pédagogique » en
créant, en étroite liaison avec son théâtre, l’Ecole professionnelle supérieure
d’art dramatique (EPSAD).


Pour quelles raisons la question de la formation théâtrale se situe-t-elle au
c’ur de votre parcours ?

Stuart Seide : Parce que ce qui me lie à mes élèves est primordial. De
nombreuses idées de mise en scène sont nées dans mes classes de théâtre.
Enseigner est une activité d’une richesse inouïe : on donne beaucoup, on reçoit
beaucoup, on se pose sans arrêt des questions’ Lorsque l’on a en face de soi des
jeunes gens à qui l’on tente de transmettre quelque chose, on ne peut pas
s’installer dans une routine, car on est en permanence confronté à une forme
d’innocence. Donner des cours de théâtre me stimule, m’oblige à interroger mes
habitudes.

Qu?est-ce qui caractérise la voie pédagogique dans laquelle vous inscrivez
votre enseignement ?

St. S. : Je pense que dans l’art de l’acteur, il n?y a aucune méthode,
aucun système possible. Chaque élève doit se former lui-même. C’est à lui de
trouver, à partir de son propre matériau, la voie à emprunter. Je ne veux pas
produire des clones. L’art de l’acteur, c’est faire cohabiter des éléments
contradictoires, mettre en corps l’imaginaire, mobiliser toutes les ressources
du comédien au service du projet d’un poète : ressources intellectuelles,
politiques, sensibles, ludiques, émotives’ Le professeur doit donc apprendre à
l’élève à augmenter son élasticité, sa tessiture, à élargir le plus possible sa
palette humaine. Le travail de comédien est un travail continuel et sans limite.
Il s’agit d’une mise en question jusqu’à la fin de sa vie.

« L’art de l’acteur, c’est faire cohabiter des éléments contradictoires,
mettre en corps l’imaginaire, mobiliser toutes les ressources du comédien au
service du projet d’un poète. »

Demander aux élèves de l’EPSAD de s’ouvrir à de nombreuses disciplines
physiques, est-ce une façon de les préparer à cette mise en corps de
l’imaginaire ?

St. S. : Absolument. Je trouve important que les futurs comédiens
développent leur corps. Car après tout, le théâtre, c’est bien sûr un texte mais
aussi une incarnation, une mise en jeu de la chair. Pour autant, j’essaie
toujours d’expliquer aux élèves que cela doit aller de pair avec une solide
culture théâtrale et artistique, qu’ils seront meilleurs acteurs s’ils
connaissent les écrits de Vitez, Artaud, Grotowski, Brecht, Stanislavski? Il
faut être curieux pour devenir comédien, curieux et souple, dans tous les sens
du terme. Les élèves doivent comprendre qu’on les forme bien sûr pour
aujourd’hui, pour leur sortie de l’école, mais aussi pour demain, pour
travailler sur des ?uvres qui ne sont pas encore écrites. On ne sait pas ce que
sera le théâtre de 2037. Or, moi, je voudrais que ces jeunes qui ont 25 ans
aujourd’hui puissent répondre, dans 30 ans, aux préoccupations d’un metteur en
scène qui vient tout juste de naître. Pour cela, il faut transmettre un ?savoir
évoluer? qui permettra à ces acteurs en devenir de passer leur vie à se remettre
en question.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

 

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