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Les formations artistiques

La création au cœur de la formation

La création au cœur de la formation - Critique sortie
© Juliette Butler / Emmanuelle Huynh, directrice du Centre national de danse contemporaine d’Angers.

Publié le 10 octobre 2009

Le Centre National de Danse Contemporaine d’Angers est un Centre Chorégraphique au service de la création et de la transmission. Dirigée par la chorégraphe Emmanuelle Huynh, l’école se démarque de la formation académique du danseur tout en questionnant la formation du chorégraphe, le tout en lien avec l’université.

Comment a évolué la formation du danseur depuis votre arrivée à Angers ?
Emmanuelle Huynh :
La formation d’artiste chorégraphique en deux ans a été reliée à une licence et au Diplôme National Supérieur de Danseur. Elle se construit autour d’œuvres incontournables, autour de questions, plus que de disciplines. On s’est plutôt demandé par quelles œuvres on estime aujourd’hui inévitable qu’un danseur passe, ou quelles questions de l’art contemporain un étudiant doit avoir approché pour être « armé ». A l’issue des deux ans, il aura fait deux créations avec des artistes contemporains et remonté une œuvre du répertoire. La théorie est devenue beaucoup plus importante : c’est ce que j’ai installé lorsque l’on m’a demandé de refonder l’école, et surtout de créer une deuxième formation pour les chorégraphes.

Le besoin de « fabriquer » des auteurs se ressentait-il ?
E. H. :
En France, les chorégraphes apprennent sur le tas, sans formation. Au CNDC, on ne fait pas de distinction hiérarchique entre danseurs et chorégraphes, c’est plus le fait de se spécialiser dans une pratique. Le programme ESSAIS a été pensé avec un collège pédagogique composé de danseurs, chorégraphes, universitaires et plasticiens, et l’on a essayé de faire une formation qui entoure l’étudiant, qui le « supporte » au sens anglais du terme, et qui l’entraîne à définir son sujet, à trouver ses outils, sa méthode. Des artistes sont invités à venir transmettre leur propre façon de chercher. Et eux-mêmes les coachent en leur faisant des retours sur les travaux d’étudiants. C’est le projet de l’étudiant qui doit surgir de cette rencontre.

« Des artistes sont invités à venir transmettre leur propre façon de chercher. »

On remarque une grande liberté dans la façon d’aborder la formation avant tout à travers l’œuvre, plus qu’avec la technique. Une conception qui se singularise de celle des conservatoires…
E. H. :
La grande différence c’est qu’au CNDC, un artiste en activité de chorégraphe dirige l’école. C’est cela qu’a voulu le Ministère. Ce n’est pas le cas des conservatoires qui sont dirigés par des pédagogues, qui souvent ont été des danseurs d’exception. Cela nous donne donc une facture particulière, plus expérimentale. Mettre la création au cœur de la formation est pour moi la meilleure situation pédagogique.

Quelle est votre position sur le diplôme national de danseur, qui n’avait pas vraiment été bien accueilli par la profession ?
E. H. :
Le diplôme est sans doute un acquis et une reconnaissance du métier, et dans ce sens c’est positif. Cela ne doit pas être un système excluant pour ceux qui ne l’ont pas. Un diplôme ne veut pas dire que l’on est un bon artiste pour autant. C’est un diplôme certes national, mais qui ne ressemble pas chez nous à celui des conservatoires même si on a un socle commun. Je me reconnais dans la façon dont théorie et pratique ont été associées au CNDC. Se dire que l’on a une licence, ou un master après ESSAIS, c’est la garantie de faire valoir ses acquis, de reprendre ses études, et d’avoir des perspectives.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

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