La Terrasse

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Interpréter le travail

Interpréter le travail - Critique sortie
Légende : Nicolas Frize, un artiste qui compose avec le monde. © Nabil Boutros

Création / Saint-Ouen

Publié le 17 novembre 2013

Dans son œuvre Intimité, fruit d’une résidence artistique dans l’usine PSA de Saint-Ouen, Nicolas Frize mêle aux musiciens, instrumentistes et chanteurs, les voix de ceux qui y travaillent et toute une lutherie inventée à partir des pièces ici produites. 

« Je veux faire vivre le réel, pas le recréer artificiellement. »

Sur quoi repose votre projet ?

Nicolas Frize : Ce projet repose sur une résidence, c’est-à-dire un travail au long cours avec les salariés de l’usine Peugeot Citroën de Saint-Ouen. Depuis plusieurs années, en publiant le journal Travails, je m’intéresse à la part personnelle que chacun met dans son travail. Aujourd’hui, dans les discours, le travail est souvent dévalorisé, on peut avoir l’impression de ne vivre qu’en dehors de son travail. Je crois au contraire que le travail est l’un des points forts de la vie.

Comment vous êtes-vous immergé dans ce monde de l’usine ?

N. F. : D’abord, j’ai écouté. Avant de faire du bruit, il faut écouter celui des autres. J’avais besoin de connaître les salariés, je veux comprendre comment ils vivent leur travail. Je voulais vraiment que l’on partage le même espace : par exemple, j’ai accroché dans l’usine des partitions géantes. J’ai mené aussi un travail de lutherie à partir des pièces fabriquées. J’en poursuis l’usage. On pourrait parler de détournement, je préfère voir ça comme une sublimation, une réappropriation artistique.

Le son de l’usine est-il intégré au travail de composition ?

N. F. : J’ai enregistré l’usine, et aussi le son que produisent les objets – je les ausculte à l’aide de micros, ce sont des sons inouïs qui se révèlent. Mais il me semble qu’il faut éviter deux écueils : je n’enregistre pas l’usine pour la muséifier, mais pour l’interpréter en tant qu’artiste. De ce point de vue, j’interviens plus en anthropologue qu’en historien. Et puis je ne cherche pas à « jouer » avec les sons en les modifiant : je veux faire vivre le réel, pas le recréer artificiellement. Le public entendra une œuvre en trois mouvements avec leurs caractères propres (la linéarité, l’instant, l’expression), qui se dérouleront chacun dans un lieu différent : l’usine, mais aussi une école et une église.

 

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun

 

Les 31 janvier, 1er et 2 février 2014 à Saint-Ouen.

A propos de l'événement

Intimité

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