La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Etat des lieux de la danse en France

Etre créatif tous les matins !

Etre créatif tous les matins ! - Critique sortie
© D. R.

Publié le 30 novembre 2011

Emmanuelle Jouan dirige depuis 2006 le théâtre Louis Aragon de Tremblay-en-France au nord de la Seine-Saint-Denis, scène conventionnée danse. Elle défend un accompagnement des artistes au long cours et la mise en place de rencontres originales et singulières entre les créateurs et les publics.

Comment avez-vous obtenu le conventionnement danse du théâtre ?
Emmanuelle Jouan :
Quand je suis arrivée en 2006, le projet que j’ai présenté développait de nouvelles pistes de travail et m’a permis de ne pas perdre le conventionnement danse, qui existait depuis plusieurs années. Tremblay et l’intercommunalité, le conseil général de Seine-Saint-Denis, très engagé, la Région et la DRAC nous soutiennent. Pour la saison 2008, nous avons imaginé un nouveau dispositif de résidence, passant de résidences “classiques“ à un projet intitulé Territoire(s) de la danse,  fondé sur la réalité territoriale et la rencontre entre les populations, les artistes et les œuvres. Cette résidence, avec un travail de fond pour la création en étant coproducteur, pour l’accompagnement des artistes et la diffusion de leur répertoire, permet au public de découvrir l’univers d’un artiste dans sa globalité. Trois ou quatre compagnies sont en résidence chaque année, choisies pour la qualité artistique des projets, reflétant et montrant aussi la diversité du paysage chorégraphique aujourd’hui. Alban Richard, la compagnie Membros, Hamid Ben Mahi, Salia Sanou et Seydou Boro, Herman Diephuis… représentent des esthétiques très différentes.

« Je voulais prouver aux élus que la danse avait autant d’atouts que les autres disciplines pour la rencontre avec la population. »

Le public a-t-il évolué depuis la mise en place de ce dispositif ?
E. J. :
Clairement, grâce à un travail de longue haleine, très différent d’un recrutement d’abonnés sur une salle parisienne, un travail soutenu par toute une équipe qui se déplace hors les murs, dont celui de Nathalie Béné, coordonnatrice des projets danse. Le public habite ici. Nous devons déclencher des processus de curiosité, susciter l’envie de venir au théâtre. Il faut être créatifs, sortir des schémas habituels d’ateliers de sensibilisation, trouver des façons originales et singulières de mettre en œuvre les rencontres entre l’art et le public. Cela répond aux missions des scènes conventionnées et c’est pour cela qu’elles sont si importantes. Cette inscription artistique pérenne, ambitieuse et approfondie permet de diffuser ici comme ailleurs le meilleur de la culture, de plein droit. Lors de mon arrivée, je m’étais fixé un défi : je voulais prouver aux élus que la danse avait autant d’atouts que les autres disciplines pour la rencontre avec la population. L’expérience a confirmé ma conviction.

Quels sont les temps forts danse de votre programmation ?
E. J. :
Nous organisons au moins trois soirées, partagées avec d’autres artistes : les Nocturnes danse, où les compagnies en résidence sont privilégiées pour montrer des petites formes. Autre temps fort : avec le Forum du Blanc-Mesnil, nos sommes allés à Avignon pour une opération intitulée La Belle Seine-Saint-Denis, où nos compagnies en résidence ainsi que celles du Forum ont été visibles pendant tout le festival. Nous développons un autre axe au niveau de l’intercommunalité : 3D Danse Dehors Dedans. Au cœur de la nouvelle communauté d’agglomérations regroupant Villepinte, Sevran et Tremblay, nous mettons en place des propositions artistiques tout au long d’un parcours, menant pour cette première édition du Canal de l’Ourcq au Théâtre Louis Aragon. Nous avons sollicité les artistes en résidence pour inventer ce parcours, imaginer la circulation du public. Nous rayonnons ainsi au-delà de la ville d’implantation, et nous allons creuser ce sillon, créant un territoire symbolique à travers un projet artistique. C’est une aventure passionnante !

Propos recueillis par Agnès Santi

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