La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Les formations artistiques

Entre sécurité et angoisse

Entre sécurité et angoisse - Critique sortie
© D. R.

Publié le 10 octobre 2009

Julie Duchaussoy a vingt-six ans. Cette jeune comédienne a été formée à l’Ecole de Théâtre du TNB, à Rennes, sous la houlette de son directeur, Stanislas Nordey.

Une école est souvent influencée par la personnalité de son directeur. Que dire de Stanislas Nordey ?
Julie Duchaussoy :
L’identité de l’école tient beaucoup à sa personnalité. A l’arrivée dans l’école, on a passé un mois avec lui, en travaillant à la table. Il nous lisait des textes sur le théâtre, nous racontait des anecdotes, nous énonçait des sortes de règles d’or : un acteur doit être intelligent et heureux ; il doit être généreux. Il parlait d’hospitalité aussi, nous invitant à accueillir les metteurs en scène, les intervenants et les méthodes. Ça m’a donné envie d’être souple. J’ai apprécié qu’on nous annonce qu’on ne nous mettrait pas en danger. Il n’y avait pas de représentation publique à la fin des ateliers. On n’avait pas vraiment de pression. Avancer d’un demi centimètre, c’était déjà bien ! Mais en même temps, ça m’a causé une sorte d’angoisse permanente parce que j’avais l’impression d’être sous une loupe qui nous regardait grandir !

« Peut-être faudrait-il une école sans murs… »

Quelles étaient les conditions matérielles de la formation ?
J. D. :
Une formation se fait dans un lieu. Mais demeurer toujours dans le même lieu est parfois déroutant parce qu’il est difficile d’y vivre quelque chose de très fort pour le retrouver ensuite avec un autre intervenant. Je me disais qu’il aurait été intéressant que chaque atelier ait lieu dans un endroit différent. Ça fait un an que je travaille et que cette idée se confirme en moi : arriver dans un lieu inconnu à chaque fois, ça rend libre. Pendant la formation à l’école, on nous a envoyés à Liège dans le cadre du projet d’échange Prospero : j’ai beaucoup appris de cette aventure.

Qu’avez-vous appris après l’école ?
J. D. :
Après l’école, j’ai suivi une formation d’une semaine avec Lupa. C’était passionnant ! Mais à un moment, j’ai éprouvé le besoin de travailler, et j’ai fait un bond énorme en me sentant désirée par quelqu’un qui m’engage. Le statut d’élève, paradoxalement, ne m’aidait plus. J’avais peur, peur d’avoir peur, et depuis que je travaille j’ai beaucoup moins peur. A l’école, personne ne vient vous voir jouer, donc vous ne vous sentez pas obligé, pas engagé. Or, c’est très excitant d’être obligé ! Maintenant que je travaille, je ferais volontiers des ateliers pour continuer à apprendre. Apprendre avec Lupa, c’était bien parce que c’est quelqu’un d’ailleurs. Cela a manqué dans ma formation. Les Français apprennent aux Français à faire du théâtre. Peut-être faudrait-il une école sans murs…

Propos recueillis par Catherine Robert

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