La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La saison classique en France - 2009

Critique / Le Couronnement de Poppée

Critique / Le Couronnement de Poppée - Critique sortie
Un décor très cinématographique au service d’une vision fantasque de l’ouvrage monteverdien. (c) Anne Nordman

Publié le 2 octobre 2009

Christophe Rauck signe une mise en scène à la fois profonde et vivante du dernier opéra de Monteverdi.

Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître. En mettant en scène Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, dans le cadre de l’Arcal, Christophe Rauck aborde pour la première fois le monde de l’opéra. Le directeur du Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis instille une énergie de tréteau qui n’entre jamais en contradiction avec la musique. Bien au contraire, les déplacements des chanteurs, sur scène mais aussi dans la salle, apportent un autre relief à l’œuvre de Monteverdi. Christoph Rauck ne cherche pas à accentuer le côté shakespearien du livret, mêlant amour, meurtre et pouvoir. Il privilégie plutôt les aspects fantasques, très « baroques », de ce récit antique. On pourra préférer la mise en scène puissante et voluptueuse de Robert Carsen donnée il y a deux ans à Glyndebourne. Mais les moyens ne sont évidemment pas les mêmes… Christophe Rauck, avec l’aide des scénographes Aurélie Thomas et Coralie Sanvoisin, a imaginé des décors habiles, ludiques, proches de l’univers cinématographique. Hormis les costumes un peu « cheap », son approche offre ainsi une lecture à la fois rythmée et profonde de l’opéra.

Belles couleurs du continuo

Aucune voix ne se détache particulièrement de la distribution. D’ailleurs, tous les chanteurs ont salué ensemble à la fin de la représentation, une tradition plus théâtrale qu’opératique. On soulignera toutefois les belles prestations de Françoise Masset (Octavie), très habitée dramatiquement, et de Vincent Pavesi (Sénèque), solide et émouvant. D’autres voix, notamment le rôle-titre, ont une justesse parfois un peu approximative et manquent de projection. Le personnage de la Nourrice nous paraît de son côté bien fade, loin de l’interprétation hallucinée d’un Dominique Visse. Dans la fosse, le claveciniste Jérôme Correas est à la tête de son ensemble sur instruments anciens Les Paladins. Le continuo joliment varié offre de belles couleurs, avec notamment une harpe et une guitare baroque bien sonnantes (mais sans régale, quel dommage !). La formation instrumentale gagnerait sans nul doute à être étoffée, notamment avec des vents, pour sonner de manière plus généreuse.

Antoine Pecqueur

Spectacle vu à la Maison de la musique de Nanterre. Repris le 13 mars à 20h30 à la Ferme de Bel Ebat à Guyancourt (tél. 01 30 48 33 44) et le 9 avril à 20h30 au Théâtre de Villejuif (tél. 01 49 58 17 00).

A propos de l'événement


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