La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Fumiers

Fumiers - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre du Rond-Point
Thomas Blanchard et Olivier Martin-Salvan dans Fumiers. Crédit : Alain Monot

Théâtre du Rond-Point / d’après l’émission de Florence et Manolo d’Arthuys / adaptation et mes Thomas Blanchard

Publié le 30 août 2016 - N° 246

Des voisins qui partagent une cour commune, dans un village rural, se sont déclaré la guerre. Au centre de leur discorde : la présence d’un tas de fumier… Le comédien et metteur en scène Thomas Blanchard adapte au théâtre cette histoire tirée d’un épisode de l’émission de télévision Strip-Tease.

Qu’est-ce que vous trouvez de fondamentalement théâtral dans l’émission Strip-tease ?

Thomas Blanchard : Comme le dit le slogan de l’émission, Strip-tease nous déshabille. Le fait de révéler ce que peut être l’humain dans une situation — pour parler de Fumiers — aussi grotesque, aussi absurde et, en même temps, aussi simple, aussi brute, est quelque chose qui m’a tout de suite interpellé, tout de suite donné envie d’imaginer quel théâtre était possible à partir de ça. Pourtant, le matériau de départ est presque pauvre : Strip-tease représente, d’une certaine façon, l’un des ancêtres de la télé-réalité. Mais d’un autre côté, une pensée assez profonde se dégage de cette émission. Une pensée qui s’interroge sur la façon de rendre le téléspectateur actif à travers un parti-pris de reportage sans commentaire.

Quel est pour vous le cœur de l’épisode dont vous vous êtes emparé ?

T. B. : Cet épisode n’est sans doute pas le plus drôle. Ce qui se passe entre les voisins qui nous sont présentés est assez effrayant. On se demande souvent si c’est vraiment possible d’être comme ça. Or, c’est la réalité. A travers la guerre que se livrent ces personnes, Fumiers parle de l’affrontement, du plaisir que ces voisins prennent à s’affronter. Le tas de fumier qui les oppose devient une sorte de motivation de vie. Le conflit se met à prendre toute la place.

« Le conflit se met à prendre toute la place. »

Quels ont été vos partis-pris d’adaptation ?

T. B. : Faisant moi-même partie de l’équipe d’acteurs, j’ai voulu explorer cette matière brute à travers des séances d’improvisations. Nous avons ainsi souhaité éviter de tomber dans l’hyperréalisme. Le spectacle est, à certains moments, dans un rapport très littéral avec l’épisode. A d’autres moments, il s’en éloigne beaucoup. On a malaxé cette matière dans ses creux, ses vides, ses dépressions, plutôt que dans ses pics et ses moments de force. Ce qui nous a intéressés, c’est de faire ressortir comment un geste, une attitude, peut venir subitement contredire et enrichir un comportement, une personnalité. Nous avons exploré l’humanité de chacun des protagonistes, sommes allés chercher le sensible des situations, des choses invisibles, pour recomposer une réalité. Sans jamais tenter d’adoucir quoi que ce soit : la violence, ici, est partout.

Finalement, avez-vous l’impression d’avoir davantage tiré cette histoire vers le tragique, vers le comique ou vers l’absurde ?

T. B. : J’ai vraiment essayé de faire se traverser ces trois dimensions-là. On voyage sans arrêt de l’une à l’autre. Ce mélange d’absurde, de réalisme composé, de drôlerie, de tragique…, amène chaque spectateur à réagir assez différemment. Chacun est livré à son propre regard, à son propre jugement.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

 

A propos de l'événement

Fumiers
du mardi 6 septembre 2016 au dimanche 2 octobre 2016
Théâtre du Rond-Point
2 Avenue Franklin Delano Roosevelt, 75008 Paris, France

Du mardi au samedi à 21h. Le dimanche à 15h. Relâche les lundis, ainsi que les 11, 20 et 21 septembre. Durée de la représentation : 1h20. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.

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