La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -258-Le Liberté, scène nationale de Toulon

Unwanted

Unwanted - Critique sortie Théâtre Toulon
Dorothée Munyaneza : © Julienne Munyaneza

Conception et chorégraphie Dorothée Munyaneza

Publié le 24 septembre 2017 - N° 258

Après y avoir présenté Samedi détente, la chorégraphe et chanteuse Dorothée Munyaneza revient au Liberté et se confronte de nouveau à l’histoire tragique du Rwanda. Dans Unwanted, elle dit les traces laissées par le viol, utilisé comme arme de guerre en 1994.

« Il m’a semblé urgent de porter cette parole qui commence à se libérer. »

Après la pièce autobiographique Samedi détente, votre premier projet personnel, vous décidez de porter une parole collective. Pourquoi ?

Dorothée Munyaneza : Continuer de travailler sur la mémoire des rescapés tutsis était pour moi une évidence. Je me demandais de quelle manière le faire, lorsque j’ai découvert les documentaires Rwanda, la vie après – paroles de mères, d’André Versaille et Benoît Dervaux, et Mauvais souvenir, de Marine Courtade et Christophe Busché, sur les viols commis pendant le génocide rwandais. Entre 100 000 et 250 000. Il m’a semblé urgent de porter cette parole qui commence à se libérer mais que l’on entend peu. J’ai rencontré au Rwanda une soixantaine de femmes ainsi que de nombreux enfants. Bouleversants à la fois de violence et de beauté, de désir de se relever, leurs mots ont été enregistrés. Ils sont présents dans la composition sonore réalisée par Alain Mahé, ainsi que dans les chants que j’interprète avec la chanteuse afro-américaine Holland Andrews. Et bien sûr, ils nourrissent nos corps et la chorégraphie.

Pourquoi avez-vous associé le plasticien d’origine sud-africaine Bruce Clarke au projet ?

D. M. : Bruce Clark a travaillé à plusieurs reprises au Rwanda, notamment pour Les Hommes debout, projet collectif de peinture murale sur les lieux de mémoire du génocide. Sa participation s’est surtout imposée afin de convoquer de manière poétique toutes les femmes que j’ai rencontrées. Il a suivi l’ensemble du processus de création et m’a proposé une œuvre plastique monumentale, montée sur une structure en tôle ondulée, qui symbolise la dignité de ces personnes.

Comment vont s’articuler cette création plastique, la danse, le chant et la bande son ?

D. M. : L’ensemble des éléments de la pièce participe de ma réflexion sur le mouvement du corps meurtri. Chez les femmes qui m’ont livré leur témoignage, la marche est une forme de résistance à la violence subie. La danse et le chant aussi, pour celles qui ont la force de s’y livrer. En réunissant plusieurs manières de témoigner de cette force, je tente d’en approcher la vérité.

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Unwanted
du vendredi 23 mars 2018 au vendredi 23 mars 2018


Le Liberté, scène nationale de Toulon, Grand Hôtel.

Tél. : 04 98 00 56 76.

Site : www.theatre-liberte.fr

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