Une écriture pour tous les musiciens

Vous avez dernièrement composé deux œuvres symphoniques au carrefour du jazz et du classique. Comment relève-t-on ce défi ?

Andy Emler : Il faut développer une vraie écriture d’orchestre, proposer des choses performantes pour les musiciens. Cela suppose un travail technique, et de mettre tous les pupitres en valeur. Les musiciens doivent sentir qu’on s’intéresse à leur instrument, qu’on sait écrire pour lui. Un choral pour les cuivres, des traits pour les cordes… Dans le concerto que j’ai écrit pour l’Orchestre de Lille et Jean-Claude Casadesus, j’ai même mis le premier violon en situation d’improvisation en duo avec moi.

Existe-t-il une place pour ce type de projets « hybrides » ?

Andy Emler : Je reste persuadé que les milliers d’orchestres symphoniques dans le monde, s’ils connaissaient l’existence de ce genre de musique avec soliste, nous passeraient plus souvent commande. Pour l’heure, il reste un énorme travail de communication à faire. En France, par exemple, les orchestres symphoniques n’ont pas dans leur cahier des charges d’entreprendre un projet pop ou jazz une fois par an, alors que c’est le cas en Angleterre ou en Allemagne.

Que vous apporte d’être accompagné dans votre travail par une compagnie ?

Andy Emler : Une compagnie permet d’avoir une structure qui va chercher des subventions. Pourquoi ? Pour permettre la création de projets, pour dégager des moments de répétition payés, pour entrer dans des coproductions avec de petits labels comme La Buissonne, qui vient de publier le nouvel album de mon quartet, des gens de talent avec qui j’adore travailler.

Propos recueillis par Vincent Bessières