Swing Museum

Oscyl met en scène un groupe de danseurs avec des sculptures mouvantes. Tout le travail a consisté à inventer un lien avec ces autres « corps », dont l’organisation gravitaire pouvait induire des mouvements insolites. Si l’on rajoute à cela un certain anthropomorphisme et pour les interprètes une facilité à manipuler, voire à danser avec les oscyls, on pouvait lire en Oscyl une réflexion sur la façon de faire corps dans l’altérité. Swing Museum reprend à son compte le travail de relation et d’échange entre ces sculptures et le corps du danseur – ici en solo –, en prenant soin de basculer dans un univers plus espiègle. L’analogie avec les fameux « culbutos » de notre enfance fonctionne pleinement : l’oscillation, la bascule, la spirale, le mouvement de va-et-vient, constitue un jeu qui vient nourrir la danse. Celle-ci s’écrit dans un désir de dialogue façon action-réaction, en offrant à l’inanimé des perspectives nouvelles jusqu’à lui forger des identités surprenantes.

Quand le gardien s’endort, le musée s’éveille

Devenus créatures, personnages, marionnettes, les sculptures sont les protagonistes de cette histoire en forme de rêve : imaginez un musée dans lequel soudainement les œuvres prennent vie… C’est là le contexte choisi par les chorégraphes pour provoquer l’imaginaire. Au cœur d’une salle d’exposition, un gardien bien solitaire s’endort, et voici que tout peut advenir. La blanche froideur du musée laisse place à un flot d’images vidéo projetées, qui plongent les spectateurs dans des univers oniriques. La scène devient un tableau ardent, ajoutant féérie et mystère à cet étrange ballet qui embarque le gardien dans une aventure extraordinaire. Diversité des corps, identités mouvantes, composition avec l’Autre sont les lignes de force qui animent ce musée dansant.

Nathalie Yokel