La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -254-LABEL MÉLISSE / ÉDOUARD FERLET / JEAN~PHILIPPE VIRET

Se reconnaître dans l’autre

Se reconnaître dans l’autre - Critique sortie Classique / Opéra
© D. R.

Entretien / Jean-Philippe Viret

Publié le 26 avril 2017 - N° 254

Le contrebassiste et compositeur évoque la rencontre sensible avec la musique de François Couperin.

Vous optez une fois encore pour un quatuor à cordes qui penche vers le grave (violon, alto, violoncelle et contrebasse). Une formule rare mais pour vous évidente…

Jean-Philippe Viret : Tout est parti de l’instrumentiste… Jeune contrebassiste, au début des années 70, alors que la contrebasse est un instrument qui renaît tout juste, je le trouve passionnant, fascinant même. Mais très vite je me pose cette question : « pourquoi la contrebasse a-t-elle été privée du plaisir de jouer en quatuor à cordes ? ». J’ai donc commencé à écrire de la musique pour ce type d’instrumentation au début des années 90.  Aujourd’hui, j’ai le secret espoir que d’autres compositeurs écrivent à leur tour pour ce type de formation.  Je trouve que cette forme apporte une épaisseur de son qui fait sonner la musique de façon moins fragile, plus orchestrale. J’ai monté ce quatuor en 2011 et depuis ça continue. J’adore faire durer les histoires, creuser… Je suis musicien de jazz, je suis contrebassiste, et j’apporte de la musique (pas forcément virtuose) dans laquelle il y a de l’ouverture, de la liberté d’improviser.

« L’émotion musicale traverse le temps. »

On a l’impression que vous avez reconnu en François Couperin un frère ou un père ?

J.-P. V. : Oui, c’est ça. On pourrait aussi dire un pair. J’ai été touché par sa musique. Dans sa force mélodique, dans sa façon d’agencer son écriture, quelque chose se dégage qui me donne le frisson. C’est un des mystères de la musique. Les pièces sur lesquelles j’ai travaillé pour cet album, j’ai l’impression que j’aurais pu les écrire. Je me suis reconnu en lui. Y compris un peu sur le plan humain : ce que j’ai pu lire de sa plume ou à son sujet fait apparaître un personnage à la fois humble, sensible, tendre, et un peu maladroit dans sa façon de s’exprimer… Ce qui me fascine, c’est le côté intemporel de l’écriture. C’est bouleversant, en déchiffrant une partition, de constater que des êtres humains, il y a trois siècles, entendaient des choses presque de la même manière qu’on les entend aujourd’hui. L’émotion musicale traverse le temps. C’est presque de la télépathie !

 

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

 

Quatuor « Supplément d’âme » :  Jean-Philippe Viret (contrebasse, compositions), Éric-Maria Couturier (violoncelle), David Gaillard (alto) et Sébastien Surel (violon).

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