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Focus -258-Grand Théâtre de Genève, Opéra des Nations.

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RETOUR AUX SOURCES - Critique sortie Classique / Opéra Genève Grand Théâtre de Genève - Opéra des Nations.
Légende : C’est la neuvième saison de Tobias Richter à la tête du Grand Théâtre de Genève. © D.R.

ENTRETIEN / TOBIAS RICHTER

Publié le 25 septembre 2017 - N° 258

Nommé en 2007 au poste de directeur général de l’Opéra de Genève, Tobias Richter propose depuis l’an dernier une programmation hors les murs pendant les travaux du Grand Théâtre. Une situation qui l’oblige à redéfinir sa ligne artistique. Le succès est au rendez-vous avec plus de 90% de fréquentation et de nouveaux publics.

Où en êtes-vous des travaux commencés la saison dernière ?

Tobias Richter : Notre salle historique, le Grand Théâtre de Genève situé place de Neuve, est en travaux depuis un an et demi. C’est un gros chantier qui va coûter environ 65 millions de francs suisses à la Ville de Genève. Si tout se passe comme prévu, nous devrions réintégrer notre salle habituelle la saison prochaine. En attendant, nous sommes installés dans un théâtre en bois dont la structure initiale a servi à la Comédie-Française pendant ses propres travaux. Nous avons aménagé ce théâtre éphémère en maison d’opéra, augmenté la jauge et créé une fosse d’orchestre. Nous sommes très privilégiés de disposer de ce site juste en face des Nations-Unis. Ce quartier dévolu aux ambassades est devenu un point de rencontre pour de nouveaux publics, attirés par cet Opéra des Nations. C’est un grand succès à Genève.

Est-ce que la configuration du théâtre éphémère influe sur la programmation ?

T. R. : Une programmation à l’Opéra des Nations diffère beaucoup de ce qu’elle serait dans notre salle traditionnelle. D’abord, la fosse d’orchestre peut accueillir 70 musiciens, un effectif qui nous prive du grand opéra du XIXe siècle (Wagner, Verdi, Meyerbeer…). Ensuite, la scène en bois dispose de très peu de supports électroniques ou de machineries : pas de trappes, pas de ponts mobiles, des cintres qui ne permettent pas de faire disparaître de grands éléments… Ces contraintes de dispositifs scénographiques nécessitent un autre profil artistique que dans l’immense salle du Grand Théâtre de Genève (1600 places pour seulement 500 000 habitants !), comparable à la Scala ou l’Opéra Bastille.

« Tout à coup, aller à l’opéra devient facile : ce n’est plus franchir le grand portail d’un temple. »

Comment avez-vous donc bâti votre saison 17/18 ?

T. R. : Il s’agit d’un choix autour de sujets dramatiques ou littéraires qui ne nécessitent pas un dispositif scénographique démesuré. C’est le plateau nu – le principe du théâtre épique – qui domine. Par ailleurs, lorsque je choisis une thématique, je ne m’arrête pas à un seul titre d’opéra. Nous venons de monter une trilogie Beaumarchais où dans un même espace scénographique, nous donnons Le Barbier de Séville, Les Noces de Figaro et Figaro gets a divorce d’après La Mère coupable, une commande auprès de la compositrice russe Elena Lange dont le livret de Daniel Pountney intègre également l’atmosphère du texte de Horvath, Figaro divorce. Dans le même esprit, nous proposons en février une thématique autour de Faust en présentant l’œuvre de Gounod ainsi que l’oratorio de Robert Schumann Les Scènes de Faust de Goethe, une œuvre connue des mélomanes mais rarement jouée. Cette programmation tire davantage vers le théâtre que la maison d’opéra car les proportions entre la scène et la salle de l’Opéra des Nations se prêtent plus à un dialogue direct.

À vous entendre, ces travaux s’avèrent finalement stimulants !

T. R. : Vous avez certainement raison. Cela oblige à retourner à la source, à se rappeler que le théâtre est un métier. Le plateau nu est fascinant car il oblige à redéfinir les conditions, le cadre des histoires que nous allons raconter à notre public. A l’opéra, la musique est prédominante mais là aussi, ce dispositif entièrement en bois, qui rappelle un peu le théâtre grec, sonne magnifiquement. J’ai pu constater que les spectateurs se sentent bien dès qu’ils s’installent dans cette salle. Tout à coup, aller à l’opéra devient facile : ce n’est plus franchir le grand portail d’un temple.

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

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Grand Théâtre de Genève - Opéra des Nations.
Avenue de France 40, 1202 Genève, Suisse

Tél : +41 22 322 50 50.

Site : www.geneveopera.ch

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