La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -246-TKM / Saison 2016~2017

Michel Voïta se fait passeur de textes

Michel Voïta se fait passeur de textes - Critique sortie Théâtre Renens-Malley TKM - Théâtre Kléber-Méleau
Crédit : Jérémy Voïta Légende : Michel Voïta dans Proust – Dire Combray

Entretien Michel Voïta
De Marcel Proust et Albert Camus / Mes et jeu par Michel Voïta

Publié le 27 août 2016 - N° 246

Après quelques années de télévision, le comédien Michel Voïta revient sur scène en 2014 avec Proust – Dire Combray. Il reprend cette saison ce seul en scène au Théâtre Kléber-Méleau, et y crée dans le même esprit Camus – Dire « Noces ».

Vos deux spectacles reposent sur un important travail de mémorisation. Y voyez-vous une dimension utopique, comme dans Farenheit 451 de Ray Bradbury, où un groupe de marginaux apprend par cœur des textes classiques ?

Michel Voïta : Pour moi, les années 60-80 étaient un âge d’or du théâtre. Nous sommes maintenant dans un creux d’où vont naître des formes nouvelles. Mais Proust – Dire Combray n’est pas né d’une nostalgie de cette époque. Ni même d’une volonté de faire l’éloge du livre, à une époque où il est menacé. Cela est venu après. À l’origine, il y a simplement une demande de lecture d’extraits du premier chapitre de La Recherche du temps perdu. Je venais de me faire remercier sans grande délicatesse par TF1 de la série R.I.S Police scientifique, et je me demandais ce que c’était au fond pour moi, être comédien. Avec Proust, j’ai trouvé la réponse : je me vois avant tout comme un passeur.

« Je m’efface derrière Proust et Camus, pour donner envie de lectures et de relectures. »

Pour la première fois, vous vous mettez vous-même en scène sur un plateau nu.

M.V : Comme pour de nombreuses personnes, l’œuvre de Proust a longtemps été pour moi une culpabilité culturelle. À chaque fois que j’avais voulu m’y plonger, La Recherche m’était tombée des mains au bout d’une dizaine de pages. Si je n’ai pas voulu d’accompagnement sur ce projet, ni sur Camus – dire « Noces », c’est pour permettre aux textes de s’installer en moi, et les laisser ensuite évoluer. Proust – dire Combray n’était pas destiné à une grande tournée. C’était comme une petite gymnastique. Une sorte de prière solitaire. J’ai commencé dans un petit théâtre de boulevard en Suisse, et j’en suis maintenant à près de cent dates. Mais je ne m’en lasse pas. Grâce à la légèreté de ce spectacle, je joue aussi bien dans des salles de 600 que de 30 personnes, et j’apprécie cette souplesse.

À quel public pensez-vous, lorsque vous dites ces textes ?

M.V : À deux types de personnes, essentiellement : les spécialistes de Proust et de Camus, et les étudiants. Si le jeu est pour moi quelque chose de charnel, presque canaille, je tiens à éviter toute faute d’interprétation. C’est aussi pour cette raison que je ne fais aucune coupe au sein des extraits choisis. Je m’efface derrière Proust et Camus, pour donner envie de lectures et de relectures.

 

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Proust – Dire Combray / Camus – Dire « Noces »,
du dimanche 2 octobre 2016 au dimanche 29 janvier 2017
TKM - Théâtre Kléber-Méleau
Chemin de l'Usine à gaz 9, 1020 Renens, Suisse

Proust – Dire Combray, les 2 et 9 octobre 2016. Camus – Dire « Noces », les 28 et 29 janvier 2017.

Tél : +41 (0)21 625 84 29. www.t-km.ch

 

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