Meute / Une légende

« J’ai voulu traiter plusieurs sujets. Le premier est lié aux conséquences de la métamorphose d’un territoire sur une partie de la population. Je viens de Marseille : le centre de la ville a été réhabilité, c’est sublime mais beaucoup de gens ont été déplacés, cela a créé des formes de ghettos. Le deuxième thème est l’endoctrinement. J’ai transposé de façon très éloignée la légende du Joueur de flûte de Hamelin [un joueur de flûte débarrasse la ville de rats, mais la population refusant de le payer, il attire à lui une centaine d’enfants, qui disparaissent à jamais. NDLR].

Métaphore poétique

La metteuse en scène Mariana Lézin travaille beaucoup sur le fictionnel, les utopies et les distopies, et nous ne voulions pas être explicites et désigner des réalités. Je suis donc passée par la métaphore du rat qui est développée par petites touches dans la pièce. Le personnage de Mano, adepte d’une idéologie rencontrée en prison, recherche ce dont ont besoin les autres jeunes de la cité, et, à chaque fois, il propose en grand frère de combler cette faille. C’est classique dans l’endoctrinement mais là, cela se fait sous forme de poème, de litanie. C’est une musique inquiétante qu’il leur met dans la tête et qui les mène à commettre un acte monstrueux, avant de constituer une meute pour plus tard. »

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe