La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -261-Théâtre de Sartrouville et des Yvelines

La Rage des petites sirènes

La Rage des petites sirènes - Critique sortie Théâtre Sartrouville Théâtre de Sartrouville et des Yvelines - Centre Dramatique National.
Crédit : crédit photo Simon Delattre : Marina Hoisnard crédit photo Thomas Quillardet : Mélina Vernant

Texte Thomas Quillardet / mes Simon Delattre / dès 6 ans
Entretien / Simon Delattre et Thomas Quillardet

Publié le 8 décembre 2017 - N° 260

Simon Delattre a commandé un texte à Thomas Quillardet pour deux comédiennes, Eléna Bruckert et Elise Combet. Olive et Olga, deux sœurs sirènes, décident de partir ensemble vivre une odyssée. Grâce aux animaux marins qu’elles croisent, elles découvrent combien grandir est une grande aventure.

« Cette relation singulière qu’est la sororité m’intéresse énormément. » Simon Delattre

« La rage est ici quelque chose qui met en mouvement, qui déplace. » Thomas Quillardet

Comment ce spectacle est-il né ?

Simon Delattre : J’ai passé une commande d’écriture à Thomas en lui imposant quelques contraintes, dont le titre et une distribution composée de deux comédiennes avec lesquelles j’avais déjà travaillé et qui se ressemblent vraiment comme deux sœurs ! Cette relation singulière qu’est la sororité m’intéresse énormément et j’ai voulu des sirènes parce que le monde aquatique constituait un cadre esthétique fort et une contrainte intéressante. Comment la marionnette peut-elle traduire le milieu aquatique ? Comment faire se déplacer des sirènes qui n’ont pas de jambes ? Autant de défis qu’il était passionnant de relever !

Thomas Quillardet : Le titre choisi par Simon imposait le monde aquatique, mais il me fallait aussi rendre compte de cette rage, que j’ai comprise comme signifiant une énorme envie plutôt que la colère. La rage est ici quelque chose qui met en mouvement, qui déplace, qui part d’un sentiment de révolte pour inviter à l’action à la recherche de ses rêves. Je voulais aussi traiter le thème de la fugue intérieure. L’une des sirènes cherche un nouveau territoire, l’autre prône cette fugue intérieure, celle du rêve qui nous emmène ailleurs.

Quelles sont les contraintes qu’impose la marionnette ?

T. Q. : Ecrire pour les marionnettes, c’est génial car tout est possible ! Une anguille et des harengs peuvent parler ! Cela ouvre au dépassement des formes classiques de la narration, en ne se posant plus la question contraignante de la cohérence et de l’unité. Etant moi-même metteur en scène, il a été d’emblée très clair que je me tiendrai à mon rôle d’auteur et que je ne viendrai pas assister aux répétitions. Nous avons fait quelques allers-retours et je suis venu écouter le texte lu par les actrices, mais ma présence est demeurée à la marge et très discrète.

S. D. : J’ai réalisé la scénographie en m’inspirant des pool paintings de David Hockney et Sarah Diehl a signé les costumes. La volonté n’est pas de cacher les comédiennes mais de penser leur costume comme une armure, comme ceux du roller derby. Jean-Pierre, l’anguille, la dorade, la bernique sont des marionnettes à tige, construites par Anaïs Chapuis. C’est un théâtre de la bricole autour d’une piscine gonflable qui devient castelet, manipulé comme une méta-marionnette, un espace très petit qui entre en contrepoint avec cette notion d’odyssée.

Que raconte l’histoire ?

S. D. : Olive et Olga vivent au large de Saint-Brieuc avec Jean-Pierre, leur chat-sirène. Un jour, l’une remarque que les sirènes sont faites pour les odyssées tandis que l’autre admet qu’elle est bien sur son rocher ! Mais Olive suit Olga, même si c’est un peu à contrecœur ! Elles rencontrent plusieurs animaux marins : une dorade qui leur donne un cours de natation, une bernique qui a peur de bouger, une anguille, un ban de harengs. Toutes ces rencontres les modifient et modifient leur relation.

T. Q. : Je suis fasciné par la différence entre les trajectoires des frères et sœurs qui ont pourtant été élevés ensemble et de la même façon. Au début, Olive et Olga sont collées l’une à l’autre et pensent qu’être sœurs, c’est tout faire ensemble. Mais elles découvrent que chacune peut vivre de son côté, qu’elles peuvent se séparer sans pour autant ne plus s’aimer. Elles vont apprendre à cultiver ce qui permet de toujours se souvenir de l’autre.

S. D. : A cet égard, même si le spectacle est accessible à partir de six ans, on peut le voir à différents niveaux et à tous les âges. Faire des choix, pallier l’absence par la mémoire, comprendre que ce n’est pas parce qu’on n’est pas ensemble qu’on ne s’aime pas : voilà des questions qui interrogent aussi les adultes !

 

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

La Rage des petites sirènes
du lundi 15 janvier 2018 au samedi 17 mars 2018
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines - Centre Dramatique National.
Place Jacques Brel, 78500 Sartrouville, France

Création le 15 janvier 2018 au siège du territoire d’action départementale-Seine Aval à Mantes la Jolie.

Tournées des six créations dans le département des Yvelines du 15 janvier au 17 mars 2018. Puis tournées nationales.

Tel : 01 30 86 77 79.

www.theatre-sartrouville.com.

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